était remplacé. Rien n’était plus facile que d’analyser ensuite le gaz sorti et de reconnaître chimiquement les principes qu’il avait perdus et ceux qu’il avait gagnés. On avait, par cette ingénieuse disposition, le moyen de mesurer à la fois les deux actions que l’on voulait comparer. Quand l’expérience avait duré pendant plusieurs heures, on rendait la liberté à l’animal. On trouvait naturellement qu’une notable quantité d’oxygène avait disparu. Une portion s’était combinée avec du charbon, elle avait dégagé de la chaleur, on la calcula ; une autre portion avait servi à brûler de l’hydrogène et s’était transformée en eau : c’était une deuxième cause de développement calorifique dont on chercha la valeur, et l’animal avait du produire une somme de chaleur égale à celle qui résultait de ces deux combustions. D’un autre côté, l’observation de la température de l’eau échauffée faisait connaître la quantité de calorique qu’il avait effectivement produit, et il ne restait qu’à comparer le résultat du calcul à celui de l’observation pour justifier ou contredire la théorie de Lavoisier. Il se trouva que pour tous les animaux soumis à l’expérience la chaleur réellement produite était supérieure à celle que les combustions avaient développée, et que si on avait brûlé dans un foyer autant de charbon et d’hydrogène que l’animal en avait consumé dans ses poumons, on aurait obtenu moins de chaleur qu’il n’en avait fait naître. On devrait par conséquent chercher dans les divers actes de la vie, outre celui de la respiration, d’autres causes de réchauffement. Sans doute elles existent, bien qu’elles échappent à nus mesures ; elles résultent de toutes les transformations chimiques qui s’exécutent à la fois dans tous les organes. Et bien que Lavoisier ait eu la gloire de signaler la plus importante des actions réchauffantes, il a conclu d’une manière trop absolue en pensant qu’elle était la seule. On sait aujourd’hui qu’il faut faire entrer en ligne de compte les mouvemens exécutés par les animaux ; c’est une cause de développement calorifique qu’il faut ajouter à la respiration.
En 1824, la machine à vapeur, qui venait d’être inventée, commençait à se répandre dans toutes les industries ; cette nouvelle puissance inspirait presque autant de crainte que d’admiration, et l’on se préoccupait également des dangers qu’elle faisait naître et des merveilleux effets qu’on lui devait. Comme l’art de la gouverner était à peu près inconnu, des explosions fréquentes et toujours très graves affligeaient les usines où le nouveau moteur était établi. Le gouvernement, justement alarmé, fit appel aux lumières de l’Académie des Sciences ; elle accepta la mission, et nomma, suivant l’usage, une commission qu’elle chargea d’une étude devenue nécessaire. Dulong en fut l’âme et le chef avoué, Arago en fit partie avec d’autres savans ; mais pendant le temps très long que dura son travail,