nouvelles très circonstanciées concernant l’homme qui a l’honneur d’être votre visiteur.
Ne comprenant pas le sens de ces paroles, la dame, quelque peu embarrassée d’ailleurs par la singulière effronterie de Paul, répondit que si le gentilhomme était venu pour visiter l’île, il avait toute liberté de le faire. Elle se retirait et allait lui envoyer un guide. — Comtesse de Selkirk, dit Paul en avançant d’un pas, j’ai besoin de voir le comte pour des affaires d’une importance urgente.
— Le comte est à Édimbourg, répondit la comtesse avec embarras et en faisant de nouveau quelques pas pour se retirer.
— Vous me donnez votre parole de femme de gentilhomme que vous dites la vérité ? — La comtesse jeta sur lui un regard plein de colère et d’étonnement. — Pardonnez-moi, madame, je ne voudrais pas douter un instant de votre parole ; mais je supposais que vous pouviez soupçonner l’objet de ma visite, et dans ce cas ce serait pour vous la chose la plus excusable du monde que de chercher à me cacher la présence du comte dans l’île.
— Je ne comprends pas du tout ce que vous voulez dire, répondit la comtesse très décidément alarmée cette fois et se retirant vers la porte, tout en conservant courageusement sa dignité au milieu de son effroi.
— Madame, — dit Paul en faisant un geste suppliant et en jouant avec son bonnet à galon d’or, tandis qu’une poétique expression de tristesse et de sentimentalité se répandait sur sa figure brunie, — il est dur à un homme engagé dans la profession des armes d’être parfois obligé à des actions que son cœur réprouve : cette dure condition est la mienne. Vous me dites que le comte est absent ; je crois à votre parole ; loin de moi la pensée de regarder comme un mensonge les paroles qui sont tombées d’une bouche aussi parfaite !
La comtesse le regarda ; des émotions très diverses l’agitaient ; cependant son effroi s’apaisa en partie quand elle vit que, malgré la galanterie extravagante de Paul et ses gestes hyperboliques, il ne s’écartait en aucune façon des convenances et du respect auquel elle avait droit. Paul continua : — Le comte étant absent et sa personne étant l’unique objet de ma visite, vous n’aurez rien à craindre pour vous, madame, lorsque vous saurez que j’ai l’honneur d’être officier de la flotte américaine, et que j’ai débarqué dans cette île avec l’intention d’enlever le comte de Selkirk comme otage de guerre. Je ne regrette pas mon désappointement, puisqu’il a servi à prolonger mon entrevue avec la noble dame ici présente, et qu’il aura pour résultat de ne point troubler sa tranquillité domestique.
— Dites-vous réellement la vérité ? demanda la comtesse bouleversée d’étonnement.
— Madame, si vous voulez jeter un regard par la fenêtre, vous