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LA SIBERIE


AU DIX-NEUVIEME SIECLE




PREMIERE PARTIE.
LE PAYS DE TOBOLSK. - LES EXILES POLITIQUES.
I. Reise um die Erde durch Nord-Asien und die beiden Oceane, von Adolph Erman,3 vol. ; Berlin, 1833-1838-48. — II. Mathiad Alexander Castrén’s Reisen im Norden, aus dem Schweditchen überssetzt, von H. Helms, 1 vol. ; Leipzig, 1853 — III. Travels in Siberia, by S. S. Hill, esq., 2 vol. ; Londres, 1854. — IV. Reise-erinnerungen aus Sibirien, von Chistoph Hansteen, 1 vol. ; Leipzig, 1854.





La Sibérie n’a guère été visitée que par des Russes ; je ne parle pas de ceux à qui le tsar fournit une escorte et qui ne doivent pas revenir de leur voyage. Pendant la plus grande partie du moyen âge, malgré de fréquentes relations avec les peuplades asiatiques du nord qui venaient leur vendre leurs pelleteries, les Moscovites eux-mêmes connaissaient à peine de nom cet immense pays, qui porte aujourd’hui l’influence russe jusqu’aux frontières de la Chine. Vers la fin du XIVe siècle, on voit de hardis colons, à la fois commerçans, agriculteurs, chefs de bandes guerrières, s’aventurer d’abord sur le versant occidental de la chaîne de l’Oural ; ils s’y installent solidement, bâtissent des villages, des villes, des forteresses, défrichent les terres, établissent des salines, habituent les sauvages des montagnes aux transactions du commerce, acquièrent bientôt des richesses considérables, et organisent une sorte de peuple composé d’aventuriers, de vagabonds, de Cosaques, venus de tous les points de la Moscovie et du nord de l’Allemagne. Le plus illustre de ces colons, Strogonof, chef d’une famille qui est encore aujourd’hui l’une des premières de l’empire, était un homme à vastes projets