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Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 12.djvu/1071

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LE
MARQUIS DES SAFFRAS


SCÈNES DE LA VIE COMTADINE


V[1]

LES RÉVOLUTIONS DE LA PIOLINE.

.


I.

Mlle Blandine et sa nièce étaient parties de grand matin, laissant M. Cazalis au lit. Le lendemain à midi le lieutenant ne s’était pas encore réveillé. Cascayot, qui avait conduit ses dames jusqu’à Orange, revint avec la voiture et fit une entrée très bruyante à la Pioline. Droit sur le siège, il excitait et fouettait à tour de bras les mules et le cheval, il les faisait se cabrer et piaffer ; la carriole vide sautait et dansait sur les pierres, les chiens jappaient, les paons effrayés s’enfuyaient sur les arbres avec des cris de détresse, et la Zounet criait d’une voix encore plus déchirante. Le lieutenant n’entendit rien. Le soleil tournait à l’ouest, lorsque M. Cazalis sortit enfin de son profond sommeil. Au premier coup de sonnette, la porte s’ouvrit, et le sergent Tistet se présenta. — Sept heures de faction ! dit-il ; au point du jour, j’étais à votre porte. Zounet voulait forcer la consigne ; il m’a fallu dégainer.

— Ah ! vous voilà donc enfin éveillé ! dit la servante ; vingt-neuf heures au lit, quelle honte !

  1. Voyez les livraisons du 1er et du 15 octobre, du 1er et 15 novembre..