donner à leur agriculture qu’une attention distraite. Quelques-unes ont pourtant pris part à l’exposition ; il faut leur en savoir gré, surtout si ces envois indiquent une disposition à changer un peu moins de gouvernemens et à se livrer un peu plus au travail. On dit le Mexique sur le point de s’annexer aux États-Unis ; on ne peut que l’en féliciter, si cette formalité doit le pénétrer de l’esprit anglo-américain : il en a besoin. L’empire du Brésil, que sa forme monarchique a mis à l’abri des convulsions, se développe un peu plus, mais sa superficie est telle que ses progrès sont insensibles dans cette immensité. Lui aussi sollicite vivement l’émigration européenne ; le climat et l’éloignement s’y opposent. Mieux vaut, ce semble, s’attacher à tirer un meilleur parti des bras dont on dispose en appelant à son aide, sinon les hommes, au moins les sciences et les procédés perfectionnés de l’Europe.
Je ne veux rien dire des Indes, de Java, de la Chine, du monde oriental en général. L’agriculture doit y être très avancée sur un grand nombre de points, si l’on en juge par la population ; mais il y a peu d’inductions à tirer pour nos propres affaires de ces civilisations lointaines, qui ont beaucoup plus à apprendre de nous qu’à nous enseigner. Aux principales acquisitions qui nous sont venues de Chine par M. de Montigny, je dois ajouter le riz sec. Ce serait un grand bienfait que l’introduction de cette plante en Europe, si elle réalise ce qu’elle promet. Rien de plus riche assurément que les rizières de la Haute-Italie, mais rien de plus infect et de plus malsain ; si le riz sec permet d’obtenir les mêmes produits ou même des produits un peu moindres dans un air moins impur, nos régions méridionales ont fait une conquête.
Le genre humain n’a encore cultivé un peu sérieusement que le dixième du monde. Ce dixième lui-même pourrait porter, s’il était bien traité, beaucoup plus qu’il ne produit, et cependant sur presque tous les points les subsistances font défaut aux besoins, ici, parce que la population regorge, là, parce qu’elle manque, partout, parce que le travail de l’homme n’a pas eu jusqu’à présent assez de puissance. La terrible loi que Malthus a signalée s’applique avec une inflexible rigueur, quand cette terre qui engloutit avant l’âge tant de générations condamnées pourrait être forcée d’ouvrir au contraire son sein pour les nourrir. Outre les fureurs et les folies qui l’éloignent du sol, l’homme avait cette excuse, qu’il se sentait faible devant l’immense nature. Livré à ses propres forces, il n’obtenait de ses labeurs qu’un maigre fruit, que venaient à tout moment lui enlever les jeux formidables des élémens ; mais voici que de nouvelles armes lui sont