Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 12.djvu/1155

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


Séparateur


30 novembre 1855.

Il y a, dans le discours par lequel l’empereur a clos l’exposition universelle des beaux-arts et de l’industrie, un mot qui a frappé vivement tous les esprits, qui a fait déjà le tour de l’Europe, parce que ce mot éclaire le conflit actuel et répond à un instinct général. De ce spectacle de tant de merveilles de l’industrie humaine accumulées autour de lui, le chef de l’état a pu faire jaillir sans effort une idée, un désir de paix. Dans le développement même du travail, il a pu saisir le besoin d’une pacification prompte et durable. « Mais pour être durable, a-t-il dit, la paix doit résoudre nettement la question qui a fait entreprendre la guerre ; pour être prompte, il faut que l’Europe se prononce, car sans la pression de l’opinion générale les luttes entre grandes puissances menacent de se prolonger, tandis qu’au contraire, si l’Europe se décide à déclarer qui a tort ou qui a raison, ce sera un grand pas vers la solution… » Il faut, en un mot, que toutes les politiques, toutes les tendances se dessinent, et que la vérité de tous les rôles s’éclaircisse. Pour quiconque réfléchit, le discours de l’empereur n’est ni une menace dirigée contre l’indépendance des peuples, ni une sollicitation inutile adressée à quelques gouvernemens dont la hardiesse n’égale pas le bon vouloir : c’est simplement l’expression précise d’une situation. De toutes parts et sous toutes les formes en effet, il se produit une même pensée, celle d’un effort généreux pour raffermir l’état de l’Europe et arrêter le développement d’une crise formidable. Il est dans le sentiment universel que chaque heure de ces trois mois qui sont devant nous va peser dans la balance des destinées européennes, et que si la paix n’est point faite dans ces trois mois, la guerre peut s’aggraver en se prolongeant, prendre des proportions inconnues, et soulever des questions dont il est aussi difficile de calculer la portée que de retarder l’explosion. De là l’invincible et immédiate nécessité pour les états de l’Europe de prendre l’altitude la plus propre à déterminer une conciliation qui éloigne ces menaçantes perspectives, de même que, pour avoir un caractère durable et efficace, la solution qui sera obtenue doit réunir toutes