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d’un ordre assez élevé, a été rédigé pour l’examen des candidats aux emplois de commis de la compagnie, et jusqu’ici elle paraît s’applaudir du résultat.

Les projets de réforme n’ont pas laissé cependant de rencontrer de sérieux contradicteurs. Deux sous-secrétaires d’état, l’un de l’intérieur, l’autre des colonies, MM. Waddington et Merivale, se sont élevés contre l’exagération des reproches, et l’opinion du dernier est une critique vive et piquante du système d’examen proposé. M. Édouard Romilly, président de l’Audit-Office (commission des comptes), en a contesté la forme et réduit l’utilité à peu de chose. Le témoignage le plus digne peut-être d’attention est celui de sir James Stephen. Il a été longtemps sous-secrétaire d’état permanent des colonies, et il a pris sa retraite pour devenir professeur d’histoire moderne à l’université de Cambridge ; ses Essais de Biographie ecclésiastique forment un recueil très remarquable, et l’on annonce la publication de ses Leçons sur l’Histoire de France. Par son expérience de fonctionnaire et ses talens d’écrivain, il mérite doublement d’être écouté. Or il tombe bien d’accord ou à peu près de tout le mal signalé par le rapport des commissaires de l’enquête, mais il croit ce mal fort difficile à détruire, et moins dommageable qu’il ne paraît. La médiocrité ne peut être bannie des affaires humaines, et quelquefois elle fait mieux que l’habileté. L’examen, comme on le propose, ravirait au gouvernement la liberté de ses choix. Donner au plus digne ne peut être une règle posée qu’entre un despote et ses esclaves. Enfin cette opinion d’un si grand poids déjà a été reprise et développée avec beaucoup d’autorité par sir George Lewis, alors rédacteur en chef de la Revue d’Édimbourg ; mais il avait été secrétaire de la trésorerie, et l’on sait qu’il est maintenant chancelier de l’échiquier.

Il ne l’était pas quand le gouvernement eut à prendre un parti sur le plan de sir Stafford Northcote et de sir Charles Trevelyan ; c’était alors M. Gladstone, dont l’esprit un peu rigoriste est naturellement porté aux réformes radicales, quand elles n’ont rien de révolutionnaire. Lord Àberdeen aime la règle et n’est pas sans quelque sévérité presbytérienne. Lord John Russell ne craint pas l’innovation et tranche volontiers dans le vif. Dès le 31 janvier de l’année dernière, la reine avait annoncé, dans son discours au parlement, qu’on dressait par ses ordres un plan pour régler l’admission aux emplois du service civil, et ce plan que nous avons esquissé, M. Gladstone se préparait a le soutenir dans la session présente. Qui plus que lui était capable de le faire triompher ?

On voit pourtant qu’il ne s’agissait pas d’une bien grande affaire. L’examen constatera-t-il dans les admissibles un minimum de