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trente-sept jours près de Cincinnati, dans l’état de l’Ohio. La culture du blé est profitable surtout aux températures de 18 à 19 degrés, et sa limite dans les cordillères des Andes est, suivant M. Boussingault, entre 12 et 23°,5, la température moyenne étant égale à 15°,7. Enfin, pour arriver à maturité, le froment ne végète que pendant cent jours dans le Venezuela, près de Carmero, et seulement durant quatre-vingt-douze jours près de Truxillo, les températures étant de 22°, 3 dans la première localité, et de 24 degrés dans la seconde. Toutes choses égales d’ailleurs, l’expérience prouve, ainsi que nous l’avons reconnu par l’analyse, M. Boussingault et moi, que le fruit du froment contient d’autant plus de substances azotées, de matières grasses et de substances salines, qu’il est venu sous l’influence d’une température plus haute : le blé du Venezuela nous a donné, pour cent parties, 22,75 des premières, 2,61 des secondes et 3,02 des troisièmes, tandis que le blé dur d’Afrique contenait seulement 10,5, — 2,12 — et 2,71 des mêmes substances.

Lorsqu’on compare les blés durs d’Afrique, du midi de la France ou d’Auvergne avec les blés tendres ou demi-durs plus habituellement cultivés dans le nord, les différences dans le même sens apparaissent bien plus grandes encore, surtout pour les substances azotées, qui se réduisent à 16 et même à 12 centièmes. Dans ce cas, on peut donc dire que les blés durs cultivés dans le midi sont les plus riches en substances azotées, qu’au contraire les blés tendres récoltés dans le nord sont les plus pauvres. Il se rencontre cependant parfois une cause de perturbation dans cette sorte de règle générale : nous voulons parler de l’influence des fumures abondantes en matières azotées ou ammoniacales. Ces riches engrais, en augmentant les récoltes, occasionnent aussi des sécrétions azotées en plus fortes proportions; ils peuvent les augmenter de 50 pour 100 dans la même espèce de froment.

Le froment ne vient bien que dans des terres argilo-sableuses assez consistantes, et contenant quelques centièmes de carbonate de chaux. Sans doute on peut obtenir du blé sur des sols sableux un peu calcaires; mais à moins de pluies fréquentes, ces maigres récoltes ont à peine une valeur qui dépasse les frais de culture. Là où l’on ne peut cultiver le froment avec profit, on récolte souvent en seigle des produits rémunérateurs; aussi dit-on terres à blé pour caractériser les sols fertiles. Les conditions de culture deviennent bien plus favorables encore, lorsque la couche de terre fertile est assez profonde pour se prêter à la culture des plantes sarclées et des prairies artificielles. C’est alors surtout que l’on peut et qu’on doit supprimer les jachères, car les façons données aux plantes sarclées, comme la végétation dense des prairies artificielles, débarrassent le sol des