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second, il fait payer ses bons effets par quelques inconvéniens : il entraîne souvent de la lenteur dans l’expédition des affaires; mais enfin le gouverneur d’une province n’ayant plus le commandement des troupes, qui est, comme chez nous, dans les mains d’un général indépendant, ni le maniement des fonds, confié à un mudir on à un defterdar, sorte d’intendant civil comptable seulement envers la Porte, ce gouverneur, dis-je, ainsi réduit, n’est ni plus puissant ni plus redoutable qu’un de nos préfets. Quant au général commandant les troupes, s’il dispose des soldats dans de certaines limites, il ne dispose pas des écus, et d’ailleurs il n’a pas d’initiative à prendre; ainsi son pouvoir se trouve suffisamment balancé. Pour l’intendant civil, il est trop évident qu’il ne peut rien contre l’état, sinon le voler par-ci par-là. Une révolte ne serait possible que si ces trois fonctionnaires s’entendaient, et cela est toujours bien difficile.

La population ainsi administrée se compose d’Arabes, les uns sédentaires, les autres nomades. On a souvent remarqué la transformation complète que la vie sédentaire fait subir aux Arabes. Les habitudes paisibles, la résignation servile des fellahs de l’Egypte sont connues de tout le monde. Eh bien! un grand nombre de ces serfs soumis descendent des tribus inquiètes et pillardes du désert de Lybie, qui furent établies au dernier siècle dans cette vallée du Nil qu’elles avaient souvent ravagée. Dans toutes les contrées habitées par les Arabes, on peut faire des observations, des rapprochemens analogues entre l’habitant de la tente et l’homme à demeure fixe;