légèreté de ces huiles naturelles les fait flotter sur l’eau, et fait que les sources qui viennent aboutir à la surface du sol les amènent au-dessus d’elles en les pressant par-dessous. La théorie de M. Boutigny sur la formation des produits hydrocarbures dans les premières périodes géologiques explique très heureusement ces singulières productions de la nature, et leur assigne une cause tout aussi naturelle que celle des précipitations de vapeur d’eau au moment où l’atmosphère et la terre ont été assez refroidies pour permettre à l’eau de couler en liquide à la surface du sol. Toute théorie à part, qu’il nous suffise de savoir que la nature produit des huiles combustibles minérales, comme les végétaux engendrent les huiles ordinaires par les forces physiologiques qui les animent. Pour fixer les idées, faisons un petit tableau des substances huileuses acides, sucrées, insipides et combustibles que nous offre la nature. Tout le monde sait qu’avec trois élémens seulement, le gaz oxygène, le gaz hydrogène et le charbon, la nature a réalisé tous les produits que nous offre la nature végétale et tous les produits analogues du règne minéral. Un corps est-il acide, comme le vinaigre, le jus de citron, les fruits aigrelets, l’oseille, — c’est que l’oxygène y domine. Est-il huileux comme le pétrole et les huiles végétales de diverses sortes, c’est l’hydrogène qui y est en excès. C’est un fait remarquable que la graisse animale ne contient aucune partie d’azote, et que c’est une substance tout à fait analogue aux produits végétaux. Parmi les corps où le charbon domine, nous avons la fibre ligneuse du bois et un grand nombre de produits végétaux et animaux caractérisés par une facile carbonisation.
Si l’oxygène et l’hydrogène se balancent entre eux dans les proportions qui font de l’eau, nous avons d’abord l’eau elle-même, si abondamment répandue dans la nature, puis avec diverses doses d’eau et de charbon tous les produits insipides et amidonnés, tels que les farines, les fécules, la dextrine. Avec un dosage différent de charbon, tous ces produits passent au sucre soit dans la nature, soit dans le laboratoire. Avec le charbon seul, la nature nous donne l’anthracite, qui est presque incombustible. Avec un peu de la combinaison qui fait l’huile, ce charbon sec et peu facile à brûler passe à la houille ou charbon de terre, qui, d’une part, est un excellent combustible, et d’autre part fournit par la distillation le gaz qui sert à l’éclairage. Enfin le gaz hydrogène pur ou carboné sort, par plusieurs fissures, de l’intérieur de la terre, et constitue de véritables sources ou fontaines de gaz qui, dans quelques localités d’Europe, et notamment à Cuxhaven, ont été utilisées comme combustible éclairant un phare. Les États-Unis et la Chine surtout ont leurs puits producteurs de gaz combustibles et employés comme tels par les habitans du voisinage. Si l’on enfonce un bâton dans la vase d’une