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JEAN-JACQUES ROUSSEAU
SA VIE ET SES OUVRAGES.


XIII.

ROUSSEAU À MONTMORENCY.


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Je reprends l’histoire de Rousseau au moment où il vient de quitter l’Ermitage et où il s’établit à Montmorency, dans une petite maison bâtie au milieu d’un grand jardin appelé Montlouis. Cette maison appartenait à M. Mathas, procureur fiscal du prince de Condé. C’est là qu’il habita de 1758 à 1762, tout en faisant de temps en temps quelques séjours au petit château de Montmorency. Il se trouvait heureux ; il avait, dit-il, secoué le joug de ses tyrans, c’est-à-dire de ses amis Grimm et Diderot ; il menait une vie égale et paisible. » Privé du charme des attachemens trop vifs, j’étais libre aussi du poids de leurs chaînes… J’étais résolu de m’en tenir désormais aux liaisons de simple bienveillance, qui, sans gêner la liberté, font l’agrément de la vie, et dont une mise d’égalité fait le fondement. » À voir comment Rousseau vante cette vie égale et paisible, nous pouvons être sûrs, nous qui le connaissons, qu’il va bientôt la quitter pour reprendre le joug des protecteurs. Ses patrons cette fois ne seront plus les philosophes, mais les grands seigneurs. Sa rupture éclatante avec les philosophes l’avait désigné à l’attention et aux égards des grands seigneurs qui ne s’étaient pas enrôlés