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Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 12.djvu/926

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faite et agréée, dès que M. Casati avait été admis, quel genre de péril pouvait créer sa présence à Florence, lorsque d’ailleurs aucun motif d’indignité n’était invoqué et ne pouvait l’être ? On a cherché à établir quelque analogie entre cette affaire et la querelle qui s’éleva en 1848 à Madrid entre le cabinet de la reine Isabelle et le ministre anglais, M. Bulwer, qui fut un peu brutalement expulsé de la Péninsule, sans que son gouvernement prit fait et cause pour lui. On n’oublie qu’un détail, c’est que M. Bulwer avait été pris la main dans les émeutes de Madrid et de Séville, et que le cabinet espagnol, en lui délivrant ses passeports, usait du droit incontestable de légitime défense. Rien de semblable n’a eu lieu à Florence ; cela est si vrai, que le cabinet du grand-duc n’a point songé de lui-même à réclamer le rappel de M. Casati. Il en résulte, et c’est là le point à observer, que la seule, la véritable difficulté est dans l’intervention de l’Autriche, mettant deux états italiens en querelle pour une question qui la concerne, et qui ne concerne qu’elle. Quoi qu’il en soit, cet incident s’apaisera sans doute ; il disparaîtra comme il est venu, au milieu d’une situation générale qui tend chaque jour à se simplifier, et qui se résume dans cette alternative que nous signalions : la paix dans les quelques mois d’hiver qui vont suivre, ou au printemps une lutte formidable, dans laquelle chaque nation viendra prendre rang à son tour.

C’est dans des instans comme ceux-ci que les mouvemens diplomatiques prennent naturellement le plus d’importance, et comptent surtout parmi les faits extérieurs ou intérieurs de chaque pays ; ils tirent leur signification des circonstances, du choix des hommes. Il y a toujours pour notre diplomatie un rôle sérieux et utile à remplir en Italie, et ce rôle grandit au milieu des événemens qui se déroulent. Les représentans de la France ont d’ailleurs une mission délicate et difficile fort souvent ; ils ont à faire prévaloir des conseils salutaires, à décourager l’esprit révolutionnaire aussi bien qu’à tempérer les réactions trop violentes et à contenir parfois de trop visibles mauvais vouloirs. C’est par un mélange de modération et de fermeté qu’ils peuvent maintenir intacte l’influence française, sans porter atteinte à l’indépendance des gouvernemens. On a vu ce qui est arrivé récemment à Naples. Un nouveau ministre français vient d’être envoyé dans les Deux-Siciles : c’est M. le baron Brenier, directeur de la comptabilité au ministère des affaires étrangères. M. Brenier va remplacer M. Delacour, qui quitte la diplomatie active pour entrer au conseil d’état. La mission de M. Brenier est, ce nous semble, toute tracée par la fermeté qui a été mise à ramener le cabinet napolitain à une appréciation plus exacte de ses devoirs, et par les manifestations publiques du gouvernement français contre toute pensée de connivence avec des tentatives révolutionnaires dans le royaume des Deux-Siciles. La légation française à Florence vient, d’un autre côté, de subir également une modification. Notre ministre en Toscane, de M. Montessuy, passe à Francfort, où il est accrédité près la confédération germanique, et il a pour successeur à Florence M. le prince de Latour d’Auvergne. Ces changemens, du reste, ont coïncidé avec une modification accomplie dans l’intérieur même du ministère des affaires étrangères. M. Armand Lefebvre quitte la direction politique pour devenir directeur de la comptabilité, et il