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Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 9.djvu/1185

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Sambre et par le chemin de fer, 2,112,014 tonneaux de houille. Intéressante au point de vue des relations internationales et de la puissance économique des deux pays, qui parlent la même langue, l’exploitation de la houille se rattache en outre au mouvement industriel et mécanique de ce temps-ci; elle soulève plus d’un problème scientifique touchant l’origine du globe terrestre; elle crée des mœurs locales. Nous allons aborder ces différens ordres d’idées, mais en ayant soin de nous introduire avant tout sur le théâtre des faits, c’est-à-dire en prenant pour type de nos études deux ou trois des établissemens les plus considérables qui existent en Belgique.


I.

L’industrie de la houille est distribuée sur quatre provinces : le Hainaut, la province de Liège, la province de Namur, et un peu le Luxembourg. A mesure que vous vous approchez des charbonnages, les chemins deviennent noirs, les maisons deviennent noires, et les figures ressemblent aux maisons. Dans le Hainaut, entre Manage et Mons, une route que traversent de lourds chariots remplis de charbon de terre vous conduit au village et au château de Mariemont. Ce château d’un goût contestable, quoique d’une magnificence princière, s’appuie, comme la fortune de celui qui l’habite, sur une assez belle superficie de terrain houiller. Un bois qui faisait autrefois partie des biens nationaux, coupé aujourd’hui dans diverses directions par des lignes de fer, enveloppe et revêt la mine de Mariemont, qui débouche à la lumière par six puits en activité. Chacun de ces puits houillers est recouvert d’une construction de brique, dans laquelle fument, travaillent et palpitent les machines à vapeur. La descente dans l’intérieur de la fosse est précédée d’une sorte de toilette, qui consiste à retirer ses habits et à revêtir le pantalon de toile bleue, la blouse de toile bleue et le chapeau rond des mineurs. Ceci fait, votre guide vous met une lampe de fer dans la main et s’avance pourvu d’une lampe semblable vers une des entrées de la mine. Vous avez à choisir entre trois systèmes de descente : l’échelle, le tonneau et la warocquière; on appelle ainsi du nom de l’inventeur, M. Warocqué, une sorte d’escalier mobile, dont les paliers, animés d’une force obéissante, viennent vous chercher l’un après l’autre, et à chaque mouvement vous enfoncent dans le sein de la terre avec une vitesse moyenne de 36 à 42 mètres par minute. Cet ingénieux appareil est encadré dans une cage de pierre, dont le caractère rigide et un peu sombre convient à la nature des lieux vers lesquels cette entrée doit vous conduire. La mine étant divisée en trois étages, il faut environ dix minutes pour atteindre les premières galeries et