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Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 9.djvu/346

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LES


CHEMINS DE FER


EN EUROPE ET EN AMERIQUE.





I.
ORIGINES ET PERIODE D'INVENTION.





Le XIXe siècle a parcouru plus de la moitié de sa course, et il est permis de se demander quelle sera sa physionomie dans l’histoire. Dans l’ordre politique, dans le domaine de la philosophie et des lettres, ce siècle, sans aucun doute, a vu se succéder de grandes tentatives et se produire des résultats mémorables. Ce n’est pas toutefois sous ce rapport qu’il doit fixer les regards, si l’on veut bien marquer son caractère distinct dans les annales de l’humanité. C’est surtout dans le domaine des intérêts matériels que le XIXe siècle semble appelé à remplir un rôle spécial. Il a consacré en l’agrandissant le principe du travail. L’industrie est devenue une vaste arène où l’individu peut aspirer hautement à tous les biens de la société. Tandis que sous l’esclavage antique ou sous le servage féodal l’homme même semblait être le principal agent à exploiter, aujourd’hui le véritable agent de l’exploitation, c’est la matière. Le monde entier, tel est le champ que la science et l’application de la science, en se développant parallèlement l’une à l’autre, ont de plus en plus livré à nos efforts.

Tous les progrès industriels de notre siècle se rattachent à l’idée qui a transformé nos moyens d’agir sur la matière et assujetti à notre volonté des forces d’une puissance presque infinie. Utiliser de telles forces pour la production manufacturière, c’était un premier succès ; mais ce ne devait pas être la plus merveilleuse conséquence de ces applications hardies. Il restait à