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Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 1.djvu/182

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à ceux qui n’ont pas vu la statue célèbre placée à la porte du Palazzo Vecchio à Florence d’admirer ici la puissance de l’un des chefs-d’œuvre du Buonarotti. — Enfin sous cette dénomination : Badinage sur l’art de la fusion, l’habile professeur florentin nous présentait une plante d’aloès, avec toutes ses feuilles et toutes ses racines, coulée d’un seul jet, et probablement sur nature. C’est là une des pièces les plus curieuses que puisse offrir aujourd’hui l’industrie des bronzes ; mais ce badinage coûte 3,360 francs, c’est cher. — La tête du David était cotée 3,750 francs, et le Persée 8,400. — Rome était représentée par une intéressante petite réduction de sa colonne trajane, en bronze doré. — Enfin la Chine, où peut-être est né cet art des bronzes, la Chine n’a plus rien à nous apprendre. À peine nous a-t-elle montré quelques bronzes anciens d’une admirable patine. Ce qu’elle produit aujourd’hui est au-dessous du médiocre. — Tels sont en résumé les bronzes étrangers dignes de quelque intérêt que nous ayons à signaler à côté des bronzes français.

Il résulte de l’ensemble de cette étude que l’industrie des bronzes, après avoir atteint sa forme la plus parfaite chez les Grecs du VIe au IVe siècle avant Jésus-Christ, a suivi les destinées générales de l’art, et qu’elle s’est perdue presque complètement pendant le moyen âge pour reparaître avec un nouvel éclat pendant les beaux siècles de la renaissance italienne. Naturalisée française à partir de François Ier, elle acquit chez nous sa plus grande puissance sous Louis XIV pour dégénérer ensuite sous Louis XV, et arriver à une stérilité complète au commencement de ce siècle. Depuis trente ans enfin, l’industrie des bronzes d’art s’est relevée en France avec une grande vigueur ; elle a accompli de notables progrès, créé une technologie nouvelle qui se trouve maintenant très avancée vers la perfection, accru sa production dans des proportions considérables, tellement que l’exposition universelle a pu la montrer toute française, très riche déjà de son présent et plus riche encore de son avenir, si elle sait utiliser les instrumens précieux que la science lui a livrés.

Au point de vue de l’industrie des bronzes, la France a donc une réelle prééminence. En est-il de même de la question d’art ? Nous ne pouvons malheureusement l’affirmer. Si nous avons parlé longuement des monumens en bronze qu’ont laissés l’antiquité et la renaissance, c’est que seuls ils sont capables de guider nos efforts sans jamais nous égarer. De nobles tentatives ont été faites pour ramener l’industrie des bronzes vers cette direction certaine, et nous avons signalé les nombreuses réductions qui tendent à populariser les plus belles époques de l’art : elles ont déjà produit des artistes et des œuvres d’une puissante originalité, et elles nous donnent quelque confiance pour l’avenir ; mais la grande majorité des bronzes que l’exposition nous a montrés témoigne du mauvais goût qui domine