exclue du concours, et ce sont précisément les hommes dont les rudes labeurs exigeraient une alimentation plus largement réparatrice, qui s’en trouvent privés. On est donc conduit à reconnaître que la libre concurrence amène tôt ou tard la meilleure réglementation des prix, mais qu’il peut en être autrement lorsqu’il s’agit de sauvegarder les intérêts de la santé publique, qui ne saurait attendre l’issue de la lutte sans avoir trop longtemps à souffrir de pénibles et dangereuses privations.
En Angleterre, la liberté du commerce de la boucherie ne s’est pas encore combinée avec cet état si désirable d’une production correspondant aux besoins de la consommation. Aussi le cours de la viande se maintient-il au-dessus du taux limité par les règlemens en France ; mais du moins un autre résultat utile se prépare : les chances offertes par la liberté commerciale aux négocians déterminent des importations plus fortes de bétail et de divers produits tirés des animaux. Ainsi se trouvera probablement rapprochée l’époque où, les importations aidant, la consommation en Angleterre sera pleinement satisfaite, et dès-lors la libre concurrence entre les producteurs comme entre les négocians réalisera ses effets ordinaires au profit des consommateurs.
Quel que soit l’avenir réservé au régime de la boucherie parisienne, il y aurait à se préoccuper de mesures d’un autre ordre, destinées à réduire notablement les frais actuels supportés par le commerce, et à diminuer du même coup les prix de revient et de vente de la viande de boucherie.
Une des réformes généralement réclamées sur ce point aurait pour but et pour résultat direct d’éviter les pertes de temps, les dépenses particulières, les chances d’accidens et de méventes qu’occasionnent l’éloignement et la tenue hebdomadaire des deux marchés aux bestiaux qui seuls approvisionnent la capitale. Il s’agirait de supprimer les deux marchés de Sceaux et de Poissy, qui l’un et l’autre s’ouvrent et se ferment un jour de la semaine à des heures fixes qu’annonce le son d’une cloche. Les inconvéniens de cet état de choses sont évidens : en raison des distances à parcourir, du temps à passer hors de Paris, des frais de voyage et des avances indispensables pour faire emplette d’un approvisionnement de plusieurs jours en viande de boucherie, ces deux marchés peuvent à peine être fréquentés par la moitié des cinq cents bouchers établis dans la ville. Sur ce nombre, soixante-quinze environ achètent pour leur compte et pour revendre aux deux cent cinquante débitans, qui n’ont ni le temps ni l’argent nécessaires aux acquisitions sur des marchés trop éloignés de leur domicile ; d’un autre côté, les acheteurs en gros doivent prélever des bénéfices qui élèvent d’autant le prix de la