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LA
POÉSIE ANGLAISE
DEPUIS SHELLEY

ALFRED TENNYSSON. — OWEN MEREDITH.
I. Clytemnestra and other Poems, by Owen Meredith ; 1 vol. London, Chapman and Hall, 1855. — II. Maud, by A. Tennyson ; vol. London 1855. — III. Shelley’s complète works, Poems, Elégies and Letters ; 1 vol. grand in-8o, London 1854.


La nation anglaise est une nation poétique : elle a eu beau se hérisser de controverses, s’enfoncer dans le commerce et l’industrie : toujours l’élément qui la possède, la poésie, a reparu et s’est mêlé à sa théologie, à ses guerres, à sa politique, à son luxe, à sa richesse. Du règne âpre et contentieux d’Élisabeth, de son despotisme et de sa cour a jailli Shakspeare, le miroir magique du monde, où se peignent toutes les scènes vivantes de la création divine. Bientôt après, du fatras puritain et des débats du long parliament s’est élevé Milton, aussi sublime qu’Homère. Enfin, malgré tout ce qu’on a dit de l’action matérialisante du xviiie siècle, malgré le scepticisme qui gagnait alors, assez semblable à ce refroidissement graduel de la terre et à cet accroissement des glaces du pôle que décrivait Buffon, n’a-t-on pas vu, au début de notre siècle, de ce siècle de fer et d’or dans le sens vulgaire du mot, Coleridge, Cowper, Wordsworth, — rêveurs enthousiastes, peintres mélancoliques, ou philosophes austères, — être avant tout et toujours poètes ? Que dire de Byron et de Shelley ? et que n’est-il pas permis d’espérer de leurs successeurs, si ceux-ci comprennent bien la tâche qui les attend !