l’œil était à l’égard du mouvement diurne des étoiles, qu’il voyait et croyait tourner autour de la terre ; mais vint le moment où l’on se mit à réviser les notions spontanées reçues des aïeux, pour certifier les unes et repousser les autres, ce qui proprement constitue la science abstraite. Au début, manifestement l’investigation désirait plutôt trouver des résultats conformes à la tradition que des nouveautés toujours suspectes. Malgré cette tendance, il fallut peu à peu laisser tomber ce qui avait été transmis touchant les sorcelleries, les possessions, les extases, les convulsions. Ces faits ne purent s’expliquer par la théorie des esprits, et ils purent s’expliquer autrement. De là les convictions modernes. On dira, je le sais, que de temps en temps ces faits renaissent, et que les convictions modernes ne les suppriment pas. Oui, sans doute, ils renaissent, car les conditions qui les suscitent, c’est-à-dire les divers ébranlemens du système nerveux, gardent toujours leur activité. D’ailleurs, à quoi bon prolonger la discussion ? Vous êtes en communication avec les esprits qui pénètrent à travers la matière impénétrable, avec le prince de l’enfer pour qui les plus grandes merveilles ne sont qu’un jeu, avec les âmes des morts qui habitent des séjours interdits aux frêles humains, avec tous ces êtres en un mot immatériels et puissans pour qui rien n’est caché et rien n’est impossible : par conséquent vous pouvez et vous savez. Eh bien ! donnez des preuves de votre pouvoir et de votre savoir. Mais point. Tout se borne aux plus pauvres manifestations, et l’on ne sait que remuer des meubles, ébranler des portes et des fenêtres, produire des sons ou des lumières, et tenir des langages où l’on ne trouve jamais que des redites mystiques de ce qui a été cent fois dit beaucoup mieux.
Suivant d’autres, dans les merveilles magiques, ce n’est pas avec le peuple infini des êtres immatériels que l’on se met en rapport, c’est avec les forces élémentaires de la nature. Comme il est vrai qu’un homme, à l’aide de procédés divers, peut susciter dans le système nerveux d’un autre des phénomènes très singuliers, pourquoi ne serait-il pas vrai aussi qu’une action analogue, dépendant de la volonté, s’exerçât sur les animaux qui ont également un système nerveux susceptible d’impressions ? Pourquoi n’irait-elle pas jusqu’aux végétaux, qui, s’ils ne sont pas sensibles, sont du moins vivans ? Pourquoi ne passerait-elle pas jusqu’aux substances composées, comme l’être humain, d’oxygène ou d’hydrogène, de carbone ou d’azote, et ayant conséquemment par ce côté une certaine affinité avec lui ? Pourquoi enfin, franchissant toute barrière, ne s’étendrait-elle pas jusqu’aux corps bruts, quels qu’ils soient, en raison d’une certaine vie universelle qui pénètre tout, c’est-à-dire pourquoi la volonté, qui, dans le corps, passe instantanément jusqu’au bout des