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en est deux qui peuvent s’établir en règles fixes et ne présentent pas de difficultés pratiques.

La première, c’est la nécessité que le paiement à l’échéance des effets escomptés par les banques soit assuré, puisque les billets émis par elles ne sont que la contre-valeur de ces effets. Pour remplir cette condition, les banques et notamment la Banque de France n’admettent à l’escompte que les effets revêtus de trois signatures, c’est-à-dire qui portent en eux l’engagement de trois personnes ou maisons de commerce qu’ils seront payés à l’échéance. Cette condition des trois signatures laisse place à un intermédiaire entre le producteur ou le négociant qui a besoin du crédit et la Banque; le producteur ou le négociant au profit duquel a été souscrit l’effet au moment de la vente de la marchandise ne peut porter directement cet effet à la banque, car avec son endossement l’effet n’aurait encore que deux signatures. Il est donc obligé, soit de le passer à un autre commerçant en paiement des produits qu’il lui aura achetés, soit de le faire escompter par un banquier; mais cette opération s’accomplit couramment, facilement, à peu de frais, car celui qui recevra l’effet sait qu’en y ajoutant sa signature, qui sera la troisième, il pourra toujours le porter à la Banque. Cette obligation des trois signatures, qui met le premier porteur d’un effet dans la nécessité de recourir à un intermédiaire, est souvent critiquée et dénoncée par les esprits peu réfléchis comme imposant une lourde charge au commerce. Nous reviendrons à cette question quand nous nous occuperons du Comptoir d’escompte; mais l’injustice et la déraison de cette critique sont évidentes. Le principal intérêt du commerce, ce n’est pas d’économiser de menus frais dans la façon dont il se procure le crédit, c’est d’obtenir la permanence du crédit. La permanence du crédit dépend de la solidité du billet de banque. C’est donc l’intérêt essentiel de la production et du commerce qui prescrit d’entourer l’effet escompté, le gage sur lequel repose la solidité du billet de banque, des garanties qui assurent sa réalisation à l’échéance et qui mettent le crédit de la Banque à l’abri de toutes les chances et de tous les doutes.

La seconde condition, c’est que l’échéance des effets escomptés ne soit point trop éloignée, car si les effets n’étaient payables qu’à long terme, il arriverait l’une de ces deux choses : ou la Banque se condamnerait à circonscrire ses opérations en immobilisant trop longtemps ses ressources, ou bien, si elle ne limitait pas ses opérations, elle pourrait se trouver dans l’impossibilité de faire face à ses engagemens, puisqu’elle ne peut payer ses billets qu’au moyen de la certitude et de la promptitude de ses rentrées. De là la règle qui a prévalu, et qui est celle de la Banque de France, de n’admettre à