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avances s’élevaient à 185 ou plutôt à 200 millions, en y comprenant 15 millions prêtés au Comptoir d’escompte. La Banque, depuis cette époque, s’est efforcée de réduire ce chiffre, qui, s’il eût été maintenu, l’eût empêchée de satisfaire aux demandes d’escompte de la fin de l’année, et eût fait plus durement peser sur le commerce l’influence de cet énorme déclassement de capitaux. Aussi, au 31 janvier dernier, la somme des avances était descendue à 93 millions pour les particuliers, et à 9 pour le Comptoir d’escompte.

Nous venons d’exposer l’importance des deux opérations, l’escompte et le prêt sur dépôt de titres, par lesquelles la Banque de France dispense le crédit aux particuliers[1]. Elle a en outre dans l’état un client supérieur, de qui elle tient le privilège exclusif d’émettre des billets au porteur et à vue, et qui, en échange de ce privilège, nomme son gouverneur, et s’est réservé le droit de lui demander des services de crédit. L’état, en des momens difficiles, a cru devoir faire à la Banque des emprunts considérables, à des conditions de durée différentes de celles qui règlent ses opérations commerciales ordinaires. Le 7 mars 1848, le gouvernement provisoire emprunta à la Banque 50 millions sur dépôt de bons du trésor. En vertu d’un traité sanctionné par la loi du 5 juillet 1848, la Banque s’engagea en outre à avancer au trésor la somme de 150 millions. Cette avance fut réduite de moitié par la loi du 6 août 1850. En 1852, l’état se trouvait donc débiteur envers la Banque, d’une part de 50 millions, et de l’autre de 75. La dette de 50 millions fut remboursée en deux paiemens égaux le 26 juillet et le 6 septembre 1852. Quant aux 75 millions, par un traité du 3 mars 1852, qui accompagnait le décret de prolongation du privilège de la Banque, l’état s’engagea à les rembourser par annuités de 5 millions dans l’espace de quinze ans. Les paiemens accomplis depuis cette époque réduisent aujourd’hui à 60 millions la créance de la Banque sur l’état, La Banque fait habituellement au trésor des avances d’un recouvrement plus facile. Ainsi, depuis le 1er juillet de 1855, la Banque a avancé à l’état 40 millions pour trois mois, sur transfert de bons du trésor, et cette opération a été renouvelée deux fois. Elle a fait aussi en 1855 une avance analogue à la ville de Paris, à qui elle a prêté 14,800, 000 francs sur bons de la caisse de la boulangerie.

  1. Parmi les crédits que la Banque fait encore aux particuliers, nous avons mentionné l’escompte des bons du trésor; il faut y ajouter l’escompte des bons de la Monnaie. On sait que les particuliers qui portent des lingots à la Monnaie pour les faire frapper en espèces reçoivent de cette administration des bons indiquant le jour où elle leur rendra la valeur de leurs lingots eu monnaie. En 1855, la Banque a escompté de ces bons pour une somme de plus de 211 millions et demi de francs. Elle a fait également pour 21 millions et demi d’avances sur lingots. Les escomptes de bons du trésor présentés par les particuliers se sont élevés dans la même année à 43 millions et demi.