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compte-courant du trésor 59,020,252 fr. 81 cent., comptes-courans des particuliers 132,942,776 fr. 85 c, circulation des billets 627,745,500 fr., billets à ordre et récépissés payables à vue 9,741,211 fr. 85 cent. Les engagemens exigibles de la Banque formaient donc une somme totale d’environ 829 millions et demi.

La réserve métallique en argent monnayé et en lingots s’élevait enfin à près de 215 millions.

Les rapports de ces trois chiffres, qui résument les crédits faits par la Banque, la totalité de ses engagemens exigibles et les ressources de sa réserve métallique, sont l’explication la plus sommaire et la plus saisissante de son mécanisme. On voit qu’au l4 février dernier la Banque recevait pour 829 millions et demi de crédit, et qu’elle en donnait pour 654 millions; elle en recevait donc pour plus de 175 millions qu’elle n’en donnait; ces 175 millions qu’elle gardait réalisés en espèces, ajoutés à la portion de son capital qui n’est pas convertie en rentes et aux sommes prélevées sur l’escompte depuis le commencement de l’exercice actuel, formaient sa réserve métallique de 215 millions. Supposons un moment que le rapport entre ces trois chiffres soit le rapport suffisant et normal, que 654 millions de crédits renouvelés à termes rapprochés expriment les besoins réguliers de l’industrie, du commerce et du gouvernement, que les 200 millions environ des comptes-courans expriment la moyenne de capital disponible que le roulement des affaires permet au gouvernement et aux particuliers de confier à la Banque, que les 637 millions de billets émis expriment la somme de billets de banque que le public est disposé à garder constamment dans la circulation, et que les 215 millions d’espèces suffisent pour maintenir le public dans cette confiance; on voit quelle est la fécondité du crédit organisé par un système de banque publique. Grâce à ce système, un capital de roulement de 654 millions reçoit toute l’énergie et l’activité de circulation dont l’industrie et le commerce peuvent le rendre susceptible, sans coûter autre chose que la conservation inactive de 215 millions de métaux précieux. Pour accomplir les mêmes évolutions, le même capital, s’il devait être tributaire du numéraire à chacune de ses étapes, exigerait l’emploi stérile d’un capital de métaux précieux, non pas même égal à sa propre valeur, mais double ou triple peut-être, sans compter les frais et les risques attachés à la circulation métallique.

Si les rapports des chiffres que nous venons d’analyser étaient fixes, si l’équilibre n’en était exposé à aucune altération, il est évident que l’expansion du crédit pourrait s’adapter au développement de la production sans imposer à celle-ci des restrictions ou des conditions onéreuses; mais, comme nous l’avons indiqué plus haut, les