la guerre et du commerce anglais pour le paiement immédiat des importations de céréales. Cette considération eût suffi, indépendamment des restrictions spéciales de la loi de sir Robert Peel, pour décider la Banque à élever le taux de l’intérêt. En effet une banque d’escompte peut, au point de vue monétaire, être regardée comme un établissement qui vend de l’or à crédit. Le taux de l’intérêt, le prix du crédit est donc de nature à influer sur la demande de l’or dans les momens où l’on doit s’attendre que l’or va être demandé dans de grandes proportions. Si l’on maintient alors l’intérêt à un taux inférieur, il est clair que ceux qui ont besoin d’or emploieront tous les moyens de crédit qui s’offrent à eux, recueilleront et accumuleront toutes les lettres de change que les opérations commerciales réelles peuvent fournir, en créeront même de fictives pour acquérir à bon marché l’or qu’ils auront avantage à exporter. Si l’on élève l’intérêt au contraire, on découragera la demande de l’or en l’obligeant à passer par des conditions de crédit plus rigoureuses. Dans la position particulière de l’Angleterre, — d’une part marché où l’or est ordinairement le plus abondant et le moins cher, vers lequel s’adressent toutes les demandes, de l’autre pays qui ouvre les plus nombreux et les plus longs crédits sur lui-même, — il ne pouvait pas y avoir d’hésitation pour la Banque en présence d’une situation qui lui suscitait déjà des besoins extraordinaires, et qui entretenait et allait augmenter dans des pays voisins des besoins semblables, dont il était impossible d’évaluer l’étendue. Elle devait neutraliser, par une hausse d’intérêt, les facilités que le marché anglais offre par ses approvisionnemens et par le crédit à l’exportation de l’or. C’était une mesure défensive qu’il fallait prendre de bonne heure pour s’épargner des complications ultérieures. Les effets connus de l’élévation de l’intérêt étaient justement ceux qu’il fallait produire pour prévenir ces complications. Les métaux, renchérissant comme intermédiaires des échanges, feraient sortir des fonds de caisses et des thésaurisations particulières le numéraire inactif, et le feraient arriver d’abord comme capital sur le marché du crédit et rentrer ensuite dans la circulation. La Banque d’Angleterre, après avoir élevé une première fois l’intérêt à 4 1/2 en septembre, le porta de semaine en semaine, en octobre, à 5 1/2, 6 et 7 pour 100. Dès que la Banque d’Angleterre entrait dans cette voie, la Banque de France était forcée de l’y suivre. La hausse de l’intérêt devenait dès-lors également pour elle une mesure défensive indispensable. Si elle eût laissé subsister un écart trop grand entre son taux d’intérêt et celui de la Banque d’Angleterre, c’est elle dans ce cas qui eût vendu de l’or à crédit au meilleur marché, et à la fissure naturelle par laquelle s’écoulait déjà son encaisse elle en eût ajouté une autre.
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