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reçus par les sous-comptoirs, prêt sur gage reposant sur la marchandise réduite à l’inertie, soustraite à l’échange, et impuissante à circuler faute de vente. Nous avons tenu à bien marquer ici cette distinction, sur laquelle nous aurons à revenir.


II

Le Comptoir d’escompte de Paris a jusqu’à présent parcouru deux phases analogues à celles que les affaires ont traversées depuis qu’il existe : l’une médiocre et difficile, l’autre active et brillante ; la première de 1848 à 1851, pendant laquelle, avec des ressources bornées, il est venu au secours du commerce en détresse ou stagnant ; la seconde, qui date de 1852, pendant laquelle, avec un capital porté d’abord à 20 millions et aujourd’hui à 40, il a pu étendre son action partout où la réclamait le développement rapide des affaires industrielles et commerciales. Pour rendre à cette utile institution toute la justice qu’elle mérite, il ne faut point laisser dans l’oubli la première période de son existence. On saisira mieux d’ailleurs par cet aperçu rétrospectif le mécanisme de ses opérations et l’importance de ses progrès.

De 1848 à 1851, le Comptoir d’escompte ne parvint à réaliser sur son capital qu’une somme d’environ 4,200,000 francs. L’état lui prêta, il est vrai, 3 millions. Ainsi c’est avec un peu plus de 4 millions de ressources lui appartenant en propre et 7 millions en tout de ressources réelles qu’il fit face à ses opérations durant cette période.

Le premier exercice, commencé le 18 mars et clos le 31 août 1848, donna les résultats suivans. Les escomptes des effets ayant au moins deux signatures s’élevèrent à 80,378,326 francs. « Nous eussions désiré, disait dans son rapport l’intelligent directeur du Comptoir d’escompte, M. Biesta, que le montant de ces escomptes fût plus considérable ; mais, nous pouvons l’affirmer hautement, ce n’est pas nous qui avons manqué aux affaires, ce sont les affaires qui nous ont manqué. » Les prêts sur nantissement, effectués soit directement par le Comptoir, soit indirectement par l’intermédiaire des sous-comptoirs, donnèrent une somme de 12,747,261 fr.

Le second exercice, compris entre le 1er septembre 1848 et le 30 juin 1849, fut encore moins animé. Les escomptes d’effets à deux signatures, sur Paris et les départemens, ne dépassèrent pas, pour ces dix mois, 73,781,534 fr. Cette décroissance des escomptes faisait pousser de nouveaux gémissemens au directeur. « La diminution subie par cette catégorie de nos opérations ne s’explique malheureusement que trop, disait-il, par la stagnation des transactions commerciales,