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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 mars 1856

Hier était l’anniversaire du jour où la fortune contraire livrait Paris aux armées alliées de l’Europe il y a quarante-deux ans. Hier, par une coïncidence étrange, a été signé le traité de paix qui met un terme à cette guerre de deux années où la France a eu pour alliées la plupart des puissances qui la combattaient autrefois, qui purent entrer à Paris en conquérantes. C’est là le dernier mot, le dénoûment victorieux et rassurant d’une crise qui a rempli le continent d’anxiété, en même temps que c’est le visible témoignage d’une situation entièrement nouvelle. Ce n’est point sans doute le dernier épisode de cette question orientale, qui réserve au monde bien d’autres étonnemens, bien d’autres épreuves peut-être. Il faudrait une imprévoyance singulière pour croire que tout est fini. C’est du moins une halte ; le signet est mis à cet endroit du livre, l’œuvre du moment est accomplie. La guerre aura marché à son but sans dévier, sans se compliquer d’élémens étrangers. Plus heureux que les conférences tenues à Vienne il y a un an, le congrès de Paris aura trouvé la grande transaction propre à terminer un tel conflit. La paix qui vient d’être conclue, on n’en peut douter, est digne de la cause, digne des persévérans efforts de deux puissances comme la France et l’Angleterre, et les avantages qu’en retirera la civilisation générale pallieront tout au moins pour la Russie les sacrifices auxquels elle aura dû se résigner, qu’elle ne se croyait pas peut-être si près de faire il y a quelques années. En réalité, depuis quelques jours, on voyait se presser tous les signes d’un résultat favorable et prochain. Le congrès multipliait ses séances dans la pensée évidente d’en finir et de n’avoir point à renouveler l’armistice, qui allait expirer aujourd’hui même. Une grande revue de troupes était annoncée comme pour laisser pressentir que la paix serait signée avant ce moment, et c’est demain qu’a lieu cette fête militaire. En un mot, toute incertitude disparaissait par degrés devant les chances croissantes d’une réconciliation européenne. L’acte du 30 mars 1836 est venu répondre à l’attente univer-