S’il est vrai que la vieille civilisation européenne soit condamnée à s’éteindre, il faut avouer que la barbarie qui viendra reprendre après elle l’œuvre interrompue des destinées humaines sera privilégiée entre toutes les barbaries, et aura à sa disposition des moyens d’action singulièrement puissans. Cette barbarie commencera son œuvre avec tous les résultats matériels de la science et de l’industrie, qui paraissent aux générations contemporaines précisément comme le dernier mot de la civilisation. Toutes ces forces brutales et mécaniques que nous avons domptées ou créées, et qui nous rendent si fiers, les chemins de fer, la télégraphie électrique, les machines, sont également aux mains des peuples que nous regardons comme à demi barbares. Seulement ces conquêtes, au lieu d’être chez eux le résultat de la civilisation, en sont le commencement ; au lieu d’en être le principe, elles en sont l’instrument et l’outil. Demandez à un Européen d’aujourd’hui, au premier venu, à un homme de la foule, à quoi ont servi nos quinze siècles de luttes, et de combats, et ces cinq ou six sociétés si brillantes, si animées, si remplies de systèmes philosophiques, d’hérésies religieuses, de conceptions politiques, de