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Pereire font valoir l’importance croissante. En tête de cette clientèle sont ceux que M. Pereire appelle « les grands capitalistes qui marchent habituellement avec nous, les grands capitalistes qui se sont associés à nous, et parmi lesquels figurent les administrateurs de la compagnie. » Puis viennent les actionnaires de la société, entre lesquels le Crédit mobilier distribue, par une combinaison que nous avons expliquée, une portion considérable des valeurs qu’il émet pour créer de nouvelles affaires. Enfin, grâce à la mesure par laquelle la société a ouvert ses comptes courans aux particuliers, M. Isaac Pereire espère ajouter une troisième classe à cette clientèle, la classe de ceux qui déposeraient leurs fonds en comptes courans au Crédit mobilier, et « pourraient attendre les occasions de placement que la société serait dans le cas de leur offrir. »

Telles sont les ressources directes ou indirectes avec lesquelles a marché le Crédit mobilier. Les opérations auxquelles il les a appliquées se divisent en trois catégories : commerce des valeurs (achat et vente de rentes et d’actions et obligations des compagnies, reports, placemens à court terme), — services d’intermédiaire rendus aux grandes compagnies pour leurs opérations financières ou leur reconstitution, — création et commandite d’affaires nouvelles. Nous allons les passer successivement en revue.


Nous avons vu que les ressources directes du Crédit mobilier proviennent de deux sources, son capital et les comptes courans. Les administrateurs du Crédit mobilier ont affecté chacune de ces deux branches de leurs ressources à une catégorie d’affaires correspondante à sa nature. Ils ont consacré aux placemens fixes les sommes qui représentent leur capital, aux placemens à échéance déterminée les sommes dérivant des comptes courans.

Le terme de placemens fixes, M. Isaac Pereire le reconnaît, ne caractérise point avec exactitude les opérations qu’il sert à désigner dans la comptabilité du Crédit mobilier. Le Crédit mobilier n’en tend point faire des placemens réellement fixes des sommes qu’il emploie dans ces opérations ; ce sont des achats temporaires de fonds publics, actions et obligations, c’est-à-dire des placemens temporaires sur des valeurs qui de leur nature sont des valeurs de place mens fixes. Pour le Crédit mobilier, malgré l’application impropre du mot, « ces placemens sont, dit M. Pereire, l’objet de transformations incessantes, suivant les chances de variations prévues dans les cours. » en termes plus nets, ils représentent les sommes que le Crédit mobilier emploie dans les opérations d’achat et de vente des va leurs, en profitant des alternatives de la hausse et de la baisse, en achetant à bon marché et en vendant cher. M. Isaac Pereire semblait