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dans des tentatives qui pourraient troubler la paix de l’Italie. Il a fait ce qu’il devait : il est entré avec honneur dans une lutte où s’agitait la destinée de l’Europe ; il en est sorti avec le relief d’un pays fait pour les résolutions vigoureuses. Sa présence dans les négociations diplomatiques lui a permis de prendre en main cette question italienne, d’appeler l’attention des gouvernemens sur les conditions critiques de la péninsule et de fixer sa propre position. Ce n’est point là certainement un résultat vulgaire, et la meilleure preuve, c’est le retentissement du nom piémontais au-delà des Alpes. L’émotion paraît avoir été aussi vive que profonde dans toutes les villes, à Naples comme à Rome et à Florence. Des adresses ont été envoyées à M. de Cavour, des médailles ont été frappées en son honneur. À Milan, la police a eu à déchirer des placards très propres à éclairer les autorités impériales sur les sentimens intimes des Lombards. À Gênes même, il y a eu quelques attroupemens autour de la maison du consul autrichien. Une sorte d’agitation s’est rapidement propagée. L’émotion ressentie par les populations italiennes, en voyant les puissances européennes s’occuper de leur destinée, n’a rien de surprenant ni de nouveau. Seulement le cabinet de Turin est assez habile et assez prudent pour voir qu’il y a un degré où cette agitation deviendrait un péril pour la politique même qu’il veut servir. Lorsque M. de Cavour a soulevé la question italienne, il l’a fait au nom d’une pensée conservatrice ; c’est cette pensée qui ne doit point dévier, qui doit au contraire se maintenir au-dessus de tout ce qui peut ressembler à une inspiration révolutionnaire. Un journal de Gênes écrivait récemment des articles sur le dernier pape, et annonçait la fin prochaine du pouvoir politique des souverains pontifes. À quoi sert-il de montrer qu’il pourrait y avoir incompatibilité entre la papauté temporelle à Rome et le gouvernement constitutionnel à Turin ? De même à quoi peut-il être utile que la presse piémontaise poursuive la guerre la plus acharnée contre l’Autriche ? Si cela chassait les Croates de la Lombardie, cela se concevrait encore. Il n’en est rien. Les Croates restent à Milan : ils en sortiront quelque jour, il faut le croire pour le bien de l’Italie et de l’Autriche elle-même ; mais ce sera par l’action d’une politique sage, attentive et prudemment résolue, qui aura réussi d’abord à vaincre les passions révolutionnaires pour montrer de pouillé de toute solidarité menaçante ce droit invariable d’une nationalité obstinée à vivre.

Ces récens mouvemens de la politique extérieure, ce travail qui s’opère sensiblement dans les hautes sphères de la diplomatie, n’ont-ils pas aussi leur reflet dans quelques incidens intérieurs ? M. le baron de Hübner a reçu le titre élevé d’ambassadeur pour représenter l’empereur François-Joseph en France. L’archiduc Ferdinand-Maximilien, frère du souverain de l’Autriche, quitte à peine Paris, où il a passé quelques jours. C’est du reste le moment des voyages de princes. le jeune archiduc autrichien s’est rencontré à Paris avec le prince Oscar de Suède, et d’un autre côté l’empereur Alexandre de Russie est aujourd’hui à Berlin, après s’être arrêté à Varsovie, où il a fait entendre quelques libérales paroles aux Polonais du royaume. Les fêtes princières vont se succéder également. Le baptême du prince impérial va avoir lieu à Paris, et le tsar va se faire sacrer dans quelque temps à Moscou. Les fêtes