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certain nombre de types. C’est ce qu’a fait M. van Bénéden, qui a proposé de les partager en cinq groupes ou catégories. Avec quelques restrictions de forme plus que de fond[1], nous adopterons ses idées à cet égard, et nous regarderons les exemples déjà cités comme caractérisant chacun de ces groupes par la nature essentielle et la succession des phases du développement. Dans la première catégorie, nous placerons l’hydre et les animaux qui se multiplient comme elle, quelque soit d’ailleurs leur rang dans l’échelle zoologique ; la seconde catégorie aura pour type les ascidies composées ; à la troisième appartiendront les pucerons, à la quatrième les biphores, à la cinquième l’aurélie. Il s’en faut néanmoins que dans chacune de ces catégories la généagénèse se produise toujours d’une façon identique. À mesure qu’on a acquis une connaissance plus sérieuse de ces singuliers phénomènes, on a vu, presque dans chaque espèce, chaque phase du développement s’accompagner de particularités différentes et parfois bien inattendues. Ici, dans l’impossibilité de tout dire, nous nous bornerons à rappeler brièvement quelques-uns des faits les plus curieux que nous présentent les principaux groupes du règne animal, et, sans nous astreindre rigoureusement à la classification de M. van Bénéden, nous suivrons les cadres zoologiques. En procédant ainsi, nous resterons fidèle à l’ordre adopté dans les autres parties de ce travail. En outre nous mettrons par la en pleine lumière un résultat qui a bien son importance : nous montrerons les phénomènes se compliquant progressivement à mesure que l’on descend davantage l’échelle des êtres, comme si la simplification même des organismes obligeait la nature à multiplier quelques-uns des actes nécessaires pour en assurer la reproduction.

Constatons d’abord qu’aucun animal vertébré ne se reproduit par généagénèse, et que ce mode de multiplication est extrêmement rare chez les invertébrés à organisation élevée. Dans la classe des insectes, où les espèces se comptent par cent mille, nous n’en connaissons que deux exemples, celui que présentent les pucerons[2]

  1. Dans l’ouvrage où il caractérise ces groupes, — la Génération alternante et la Digénèse, — M. van Bénéden rapporte au troisième quelques espèces qui me paraissent devoir rentrer dans le deuxième ; il place dans le dernier les pucerons, dont la généagénèse est bien plus simple que celle des méduses et des intestinaux, etc.
  2. Avec MM. Owen, Steenstrup, van Bénéden, etc., j’ai regardé la reproduction agame des pucerons comme due à un phénomène de gemmation interne. Les recherches de plusieurs naturalistes semblent en effet démontrer que les corps reproducteurs qui se développent pendant l’été dans les pucerons privés d’ailes sont de simples bourgeons caducs. Toutefois un savant allemand bien connu par d’importans travaux, M. Leydig, a cru reconnaître, il y a trois ou quatre ans, que ces corps sont de véritables œufs. Dans ce cas, il s’agirait, non plus de la généagénèse, dont nous parlons en ce moment, mais de la parthénogenèse, dont il sera question plus tard.