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techniques, tout en cherchant à faire connaître quelques points d’une histoire qui touche aux plus importantes questions de la physiologie générale et philosophique.

Jusqu’à ces dernières années, on avait exclusivement réservé le nom d’helminthes ou d’intestinaux à des vers cachés dans l’intérieur du corps d’autres animaux. Aujourd’hui il n’en est plus ainsi. On a reconnu que ces parasites internes ont au dehors de très proches parens. Les némertes et les planaires, dont nous avons souvent parlé dans la Revue, tiennent de fort près aux trématodes, dont il sera question tout à l’heure. Ces affinités récemment reconnues ont fait placer les helminthes non plus avec les rayonnes, parmi lesquels Cuvier les avait relégués, mais à la suite des annélides. Par conséquent, à vouloir rester fidèle aux cadres zoologiques, nous aurions dû déjà nous occuper de ces êtres étranges, mais il nous a paru préférable de leur consacrer un chapitre spécial. Le genre de vie exceptionnel de la plupart d’entre eux, les phénomènes si complexes de leur développement, le jour inattendu que l’étude des helminthes a jeté sur quelques-uns des plus obscurs problèmes de la science, justifieront suffisamment cette dérogation à l’ordre suivi partout ailleurs dans ce travail.

Au point de vue où nous sommes placé, les helminthes à vie extérieure et indépendante n’offrent aucun intérêt spécial : les espèces parasites seules doivent nous occuper. Ces dernières ont été divisées en un certain nombre de groupes parmi lesquels nous choisirons les trématodes, les cestoïdes et les cystiques. Les premiers sont des animaux en général d’une petite taille, plats et pourvus d’ordinaire d’une ou plusieurs ventouses qui leur servent à se fixer à la manière des sangsues. La douve du foie, si commune chez les moutons, peut donner une idée de ce groupe. Les seconds, dont les ténia, improprement nommés vers solitaires, peuvent être regardés comme le type, atteignent parfois une longueur de plusieurs mètres. Chez ces vers, ce qu’on appelle le corps se compose d’articulations aplaties, très petites et peu marquées en avant, puis de plus en plus larges et distinctes. Un bouton arrondi, tantôt garni de ventouses, tantôt armé de crochets, surmonte la partie la plus grêle de cette espèce de ruban festonné. C’est ce bouton que l’on nomme la tête. Enfin la plupart des vers cystiques ressemblent à de petites vessies portant sur quelques points de leur surface une ou plusieurs têtes de ténia surmontant un pédicule toujours très court. Les cestoïdes n’habitent guère que le tube digestif ; les trématodes se trouvent dans presque tous les viscères ; les cystiques semblent préférer les tissus eux-mêmes, et on les rencontre au milieu des muscles, au centre du cerveau, etc.

Tous ces vers, on le voit, ne se nourrissent et, qui plus est, ne respirent