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AFFAIRES D’ITALIE

LA QUESTION ROMAINE ET LES CABINETS


Quand une question comme celle qui a récemment agité l’Europe se débat par les armes, il est tout simple que d’autres questions qui ne sont point assurément secondaires, mais avec lesquelles les gouvernemens sont plus accoutumés à vivre, s’effacent momentanément, se subordonnent ou se coordonnent au conflit principal. Tant que l’issue de la lutte en Orient a été un problème, il y a eu moins de place pour les affaires d’Italie. La guerre a été conduite avec une hardiesse couronnée par le succès, la paix a été signée avec une modération habile autant que sage, le principe d’un ordre nouveau pour l’Orient a été déposé dans le traité du 30 mars : aujourd’hui les affaires d’Italie restent en vue comme une des difficultés du moment.

Il devait en être ainsi par plusieurs motifs. D’abord ce qu’on nomme la question italienne est, si l’on peut ainsi parler, une question éternelle. Toutes les fois que le continent est ébranlé, le contrecoup se fait sentir au-delà des Alpes. Comme la péninsule est une des pièces faibles de cette machine laborieusement compliquée de l’équilibre européen, les Italiens ne cessent d’espérer que tout effort tenté pour remanier cet équilibre devra tenir compte de leurs aspirations. Avec une constance aussi touchante qu’elle peut être périlleuse souvent, ils mettent leur foi dans toutes les crises. Ils souffrent aussi plus vivement de leurs blessures, et ils sont d’autant plus portés à le dire que le monde est plus naturellement disposé à les entendre. Dans les circonstances actuelles, cette situation avait un caractère