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Consulte ou cour supérieure en matière criminelle, 14 ecclésiastiques et 37 laïques. Dans les tribunaux des provinces, il n’y a point d’ecclésiastiques. Le nombre total des ecclésiastiques qui font partie de l’administration romaine ne s’élève pas à 100, et il n’augmente pas, tandis que le nombre des laïques s’est élevé en peu de temps à 8,500, et par une singularité assez curieuse, la consulte des finances demande qu’il soit réduit à 6,000. Les prélats, ainsi qu’on les nomme à Rome, occupent, il est vrai, une assez grande place dans l’administration, mais la prélature n’a point le caractère sacerdotal, elle n’a que l’habit ecclésiastique. Le comte Spada a été, comme prélat, ministre des armes. Mgr Matteucci, ministre de la police, Mgr Martell, ministre de l’intérieur, Mgr Berardi, substitut de la secrétairerie d’état, et bien d’autres, qui n’ont aucun lien ecclésiastique, ne constituent point évidemment une caste religieuse parce qu’ils portent l’uniforme de la prélature, et ils ne seraient pas des administrateurs plus éminens parce qu’ils s’habilleraient différemment. Au reste, veut-on savoir quel est le prélèvement annuel de la papauté sur les revenus du pays pour le soutien de la dignité pontificale et de cette cour ecclésiastique ? Il est de 600,000 écus romains pour la liste civile du pape, le traitement des cardinaux, des membres du corps diplomatique, et l’entretien des musées pontificaux : 3 millions de francs en définitive sur un budget total de plus de 70 millions. On peut donc dire que sur ce point de la sécularisation et des réformes du régime ecclésiastique il y aurait à faire la part de ce qui est possible, de ce qui est en voie d’accomplissement et de ce qui est souvent une exagération fondée sur l’inconnu.

L’organisation municipale est aussi une des questions que le gouvernement de Pie IX a essayé de résoudre dans ces dernières années sous l’empire d’un sage esprit de réforme. Il y a même cette particularité, que les conseils locaux sont en quelque sorte la source d’où émanent tous les autres pouvoirs aux divers degrés de la hiérarchie administrative. La commune est la base de cette organisation, créée par un édit de 1850. Dans chaque localité, il y a un corps électoral composé des habitans les plus haut taxés, auxquels sont adjoints ceux qui ont acquis des grades supérieurs dans les universités, et ce corps électoral nomme directement les conseillers municipaux. Le conseil municipal fait une liste de candidats parmi lesquels le gouvernement choisit les membres du conseil provincial, et les conseils provinciaux à leur tour désignent de la même manière au choix du souverain les membres de la consulte d’état pour les finances. Ce n’est point la latitude qui manque à ces conseils municipaux et provinciaux : ils ont tout pouvoir sur les ressources de la commune et de la province, sans l’intervention d aucun représentant du gouvernement.