Le traité de Paris inaugure une phase nouvelle pour les grandes puissances. Le péril qui menaçait l’indépendance commune a été écarté, et quoiqu’il reste à traiter plus d’une question de détail, quoiqu’il y ait encore bien des iniquités à faire disparaître et bien des complications à prévoir, il semble que d’ici à longtemps aucune guerre générale ne puisse venir entraver le pacifique développement de la civilisation. C’est une heure solennelle dans l’histoire politique de notre XIXe siècle. Quelle est à cet instant décisif la situation des principaux états du centre de l’Europe ? Qu’ont-ils perdu ou gagné pendant la crise qui vient de finir ? Tandis que les uns, mieux inspirés, rentrent aujourd’hui dans la carrière avec des ressources agrandies, quelle a été pour les autres la leçon des événemens ? Et si ces derniers ne veulent pas déchoir du rang qu’ils occupaient, quelles fautes, quelles imprudences, quelles défaites morales, sont-ils tenus de réparer ? Je voudrais fournir ma part à cette curieuse enquête. Je viens de parcourir l’Allemagne aux jours mêmes où les plénipotentiaires des grandes puissances, réunis à Paris, réglaient solennellement les conditions de la paix, et fixaient le droit nouveau de l’Europe. Le temps était bien choisi pour lire comme à livre ouvert les plus se-