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Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 4.djvu/145

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dans de pareils récits. Ce qui est bien certain, c’est que le roi Maximilien II est aimé, respecté, et que, simple sans affectation, grave et studieux sans pédanterie, il a su exciter l’attention et conquérir les sympathies de l’Allemagne.

Je n’ignore pas qu’il y a çà et là des symptômes très fâcheux dans la politique extérieure de la Bavière. Quelques-unes des réformes accomplies en 1848 ont été supprimées. La loi qui établissait l’élection des députés sur des bases libérales a été attaquée par le ministère, et le nouveau projet ayant rencontré une vive opposition dans la chambre élective, la chambre a été dissoute le 24 mars 1855. Osons dire toute la vérité sur M. de Pfordten. J’ai indiqué déjà les fautes qu’il avait commises, en violant lui-même son programme dans l’affaire de la Hesse électorale. La direction qu’il a imprimée à la politique intérieure, comme président du conseil des ministres, a justifié malheureusement toutes les craintes qu’on avait conçues dès-lors. Homme de parole brillante, esprit rompu à tous les manèges de l’intrigue, M. de Pfordten s’est appliqué surtout à flatter ses adversaires, sans s’inquiéter s’il trahissait ses amis. On serait bien embarrassé de trouver un principe sérieux dans les actes de l’administration qu’il dirige. De belles paroles, des discours sonores, de merveilleuses promesses, trop souvent oubliées le lendemain, voilà le résumé de sa politique. Je sais bien que les partis sont tellement morcelés en Bavière, qu’il est difficile d’y trouver un point d’appui solide. Entre les catholiques et les protestans, les libéraux et les ultramontains, l’aristocratie et les parlementaires, aucun parti n’étant assez fort pour dominer les autres, il faudrait un ministre résolu qui montrât franchement son drapeau, et, par une activité féconde, neutralisât peu à peu les influences hostiles. On avait espéré que M. de Pfordten remplirait ce rôle. Il a mieux aimé courtiser tour à tour les libéraux, les ultramontains et l’aristocratie. C’est pour complaire à ce dernier parti qu’il fausse et annule en ce moment le régime constitutionnel. Si M. de Pfordten a fait preuve d’habileté au milieu de ces transformations perpétuelles, croit-il avoir bien servi sa renommée ? Croit-il surtout s’être assuré une influence efficace et durable ? Il a réussi, je l’avoue, à devenir un personnage nécessaire. Les ultramontains, qui savent bien que sous Maximilien II le pouvoir ne leur appartiendra jamais, soutiennent assez volontiers M. de Pfordten, dont le caractère maniable convient à leurs intrigues ; le parti féodal n’est pas fâché non plus d’accomplir par ses mains certaines choses qu’il n’oserait faire ouvertement ; le parti libéral le préfère encore aux ultramontains et aux partisans du privilège ; le roi, qui craint les difficultés et les luttes, le laisse manœuvrer à sa guise à travers les partis. Il a donc l’appui de tout le monde, mais il est malheureusement trop certain qu’il n’a plus la confiance de personne. Il