aux puissances qui l’ont secouru contre les agressions extérieures de les seconder dans cette réformation d’un empire, de garantir aux populations chrétiennes la liberté de cette carrière qui leur est ouverte.
Un point plus curieux aujourd’hui dans les affaires d’Orient, c’est la conduite que semble suivre la Russie depuis que la paix est rétablie. La Russie se hâte peut-être un peu trop de revenir à d’anciennes habitudes. Elle paraît avoir fait sauter les fortifications de Kars avant de se retirer, ce qui ne serait dans tous les cas qu’un droit extrême de la guerre, et ce qui n’est même pas un droit ici d’après le dernier traité de paix. Elle détruit également, dit-on, les forteresses d’Ismaïl et de Reni ; la partie de la Bessarabie qu’elle doit abandonner est dépeuplée et dévastée par elle. Il n’est point jusqu’aux Tartares de la Crimée, en faveur desquels une amnistie avait été stipulée, qui ne soient déportés avec fort peu de ménagemens dans les provinces russes de l’intérieur. Le cabinet de Saint-Pétersbourg a envoyé la chancellerie de son ambassade à Constantinople avant même d’avoir notifié officiellement d’avènement au trône du nouveau tsar, et c’est un procédé que le sultan aurait considéré comme blessant. Jusqu’ici, il est vrai, les empereurs ottomans n’avaient point l’habitude de notifier leur propre avènement, et on en usait de même à leur égard. En est-il absolument ainsi au lendemain du jour où a été signé un traité qui place la Turquie au rang des puissances européennes, qui l’assimile aux autres états ? L’attitude de la Russie vis-à-vis de la Turquie se ressent donc visiblement de la dernière guerre, et ce ressentiment peut être encore une maladresse ; il est du moins de nature à montrer la nécessité d’une alliance persévérante de la France et de l’Angleterre en Orent pour maintenir leur œuvre intacte, pour assurer l’efficacité des garanties qu’elles ont conquises en faveur de l’indépendance de l’empire ottoman, aussi bien que pour seconder et stimuler la politique réformatrice qu’elles ont acquis le droit de conseiller au sultan. L’avenir de l’Orient est là.
Quant à l’Italie, qu’en faut-il penser aujourd’hui ? L’Italie est malheureusement le pays qu’il est le plus facile de représenter sous les couleurs les plus opposées. Aux yeux des uns, la péninsule tout entière est prête à s’enflammer, il y a tous les élémens d’une vaste conflagration ; aux yeux des autres, les populations sont paisibles et indifférentes, et le seul tort de l’Europe a été d’offrir par ses discussions un nouvel aliment aux passions ; révolutionnaires. Non, il n’est point exact que l’Europe ait mal considéré son devoir en s’occupant de la péninsule, et il est infiniment probable d’un autre côté qu’après un premier instant d’illusion et de surexcitation l’Italie sentira elle-même qu’une explosion nouvelle dans les circonstances actuelles ne ferait qu’aggraver les conditions de son existence. Qu’on prenne un exemple. Il y a un petit état qui a été particulièrement éprouvé depuis quelque temps : c’est le duché de Parme. Des crimes odieux ont été commis contre des personnes attachées au gouvernement ; ils ont amené ce qu’ils devaient amener, l’occupation autrichienne, qui s’est presque entièrement substituée aux pouvoirs locaux. Aujourd’hui cependant la régente parait trouver elle-même trop dure cette tutelle impériale, et une sorte de conflit administratif s’est, dit-on, élevé entre l’autorité souveraine du duché et les généraux autrichiens. Quel est le meilleur moyen de faire taire les scrupules de la régente