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Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 4.djvu/392

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le passé ou l’avenir du monde où nous vivons, il est des enseignemens d’ordre pratique et d’application immédiate qu’on peut lui demander. Indiquer par quels procédés on obtient ces enseignemens, montrer ensuite par quelques exemples le parti qu’on en peut tirer, ce sera développer le but de la météorologie, dont se révéleront ainsi avec une égale netteté la valeur scientifique d’abord, puis l’utilité journalière.


I

L’atmosphère est un milieu sans cesse troublé par des causes nombreuses. Si elle était uniquement composée d’air, si elle avait une température égale sur les divers points du globe, elle arriverait bientôt à un état d’équilibre stable qui persisterait sans altération pendant la suite des siècles ; mais il n’en est pas ainsi : l’action échauffante du soleil, inégalement intense aux diverses latitudes et alternativement dirigée sur un des deux hémisphères opposés du globe, dilate successivement la masse atmosphérique dans ses di verses parties, et développe sur le sol des courans d’air ou des vents dont les directions et les vitesses sont perpétuellement changeantes. À cette cause de perturbation vient s’ajouter l’influence de la vapeur aqueuse ; elle se forme sur les mers, se transporte avec les vents sur la surface des continens, où elle se précipite en eau. L’atmosphère est donc à chaque instant dans une situation d’équilibre mobile, cherchant éternellement un état stable qu’elle n’atteint jamais, parce, que des causes perturbatrices, périodiques ou accidentelles, agissent à chaque instant et dans des conditions incessamment variables. De ces mouvemens résultent tous les phénomènes atmosphériques, les alternatives de pluie et de sérénité, de calme et de tempête, de chaleur et de froid, effets qui ont sur l’homme, sur ses habitudes ou ses plaisirs, une si capitale influence. C’est du besoin que nous avons de nous soustraire aux influences fâcheuses de l’atmosphère, et de profiter pour notre usage de ses actions bienfaisantes, qu’est née la météorologie. Elle date des premiers âges du monde, elle exerça sans beaucoup de succès les philosophes de l’antiquité, elle servit souvent de texte aux poètes, et bien que son nom soit inconnu, elle fut pour les agriculteurs de tous les temps l’objet d’une préoccupation persévérante : ils observaient avec sagacité et formulaient, dans des adages populaires qui vivent encore, les signes vrais ou faux qui leur servaient à prévoir le retour du beau temps ou la continuation de la pluie. L’influence prétendue des change mens de lune, la pluie de Saint-Médard et tant d’autres croyances léguées d’âge en âge nous révèlent assez le besoin qu’ont les hommes de connaître