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Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 4.djvu/404

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mesure qu’on s’éloigne des pôles pour s’approcher de l’équateur, et il était bien naturel de penser que les moyennes des divers pays étaient exclusivement réglées par le degré de latitude sans être influencées par la situation spéciale par rapport aux continens, ou aux mers ou aux montagnes. Cependant, après que l’on eut réuni dans des tableaux nombreux toutes les observations que l’on possédait, on vit clairement que la distribution des températures sur le globe ne suivait pas une loi aussi simple. Des villes placées à la même distance de l’équateur offrirent des moyennes très inégales, et de nouvelles observations devinrent nécessaires pour constater et mesurer ces variations imprévues de l’état calorifique. Pour résumer ce fait dans son ensemble, le représenter graphiquement et l’embrasser d’un seul coup d’œil dans tous ses détails, M. de Humboldt eut l’idée aussi ingénieuse que féconde de réunir, par une ligne tracée sur la carte du globe, tous les points jouissant d’une égale température. Ces lignes, que l’on nomme isothermes, sont loin d’être confondues avec les parallèles géographiques, elles sont même sinueuses, et bien que leur marche ne soit pas aujourd’hui irrévocablement fixée, nous pouvons comme exemple suivre à travers le globe l’isotherme qui réunit tous les climats dont la température est de 10 degrés. Nous rencontrons cette isotherme sur la côte occidentale de l’Amérique à la latitude de 46 degrés ; de ce point, elle se dirige à travers le continent vers l’Atlantique, qu’à New-York elle atteint à la latitude de 42 degrés ; elle s’est rapprochée de l’équateur, et cela prouve qu’à latitude égale la côte orientale de l’Amérique est sensiblement plus chaude que le rivage occidental. En pénétrant dans l’Océan, la courbe se relève vers le nord ; elle passe à Dublin au 53° degré, ce qui nous apprend que l’Angleterre possède un climat plus doux que l’Amérique ; enfin, continuant sa route à travers l’Europe, la ligne s’incline de nouveau vers le sud, et se retrouve à Sébastopol par le 44° degré. En résumé, les continens sont plus froids que les îles, et les températures égales ne suivent pas la trace des parallèles géographiques.

Si l’on veut discuter plus complètement ce sujet, on voit apparaître des inégalités nouvelles. Sur les continens, les étés se montrent généralement très chauds, et les hivers amènent des froids excessifs. Dans les îles ou sur les mers au contraire, les différences entre les températures extrêmes sont moins accusées. Dublin et New-York ont une égale température moyenne ; mais, dans la première de ces localités, le climat est uniforme, et dans la dernière il varie entre des limites excessives aux saisons opposées. De là, pour les météorologistes, la nécessité de comparer les contrées sous ce nouveau point de vue de la rigueur des hivers ou de la chaleur des étés, de tracer sur le globe de nouvelles lignes analogues aux isothermes et parcourant les pays dont les hivers ou les étés sont égaux. Viennent,