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voyons incessamment se succéder des vagues et des creux se poursuivant toujours et venant incessamment produire sur les mêmes points des mouvemens alternativement opposés. Ces dépressions atmosphériques, qui suivent et précèdent les vagues élevées, ne leur ressemblent malheureusement pas dans les effets qu’elles produisent ; loin d’amener le beau temps, elles apportent des pluies abondantes, les vents prennent des vitesses considérables, les grains surviennent et les tempêtes se produisent. C’est l’onde basse antérieure qui a affligé la Crimée le 14, c’est la dépression postérieure qui à sévi en France du 15 au 16.

L’utilité de la météorologie est donc aujourd’hui bien établie, et les derniers progrès de cette science ont mis une fois de plus en évidence un fait bien remarquable, — la liaison qui existe entre les diverses branches de la physique et les services réciproques qu’elles peuvent se rendre. La pratique de la météorologie avait, jusqu’à ces dernières années, rencontré deux des plus grandes difficultés qui puissent entraver une science. La première était dans les détails : il fallait installer des observatoires et enrôler un nombre considérable d’ouvriers isolés. La seconde empêchait l’œuvre commune de s’achever : c’était la peine qu’il fallait prendre pour relier en un faisceau commun tant d’observations éparses. Les choses, on le comprend, sans rien perdre de leur précision dans les détails, acquerraient une bien plus grande valeur générale, si le même observateur pouvait lui-même à la fois faire en tous les lieux la même étude d’un phénomène atmosphérique. Si les sciences n’ont point encore réussi à donner à l’homme ce pouvoir d’ubiquité, elles viennent au moins d’y suppléer par le télégraphe électrique, et de donner à la météorologie le plus précieux de tous ses appareils : celui qui peut réunir dans une main commune toutes les explorations qui s’exécutent en tous les points d’une vaste contrée.

Sans les avis instantanés du télégraphe, chaque observatoire est abandonné à lui-même. S’il voit passer un météore extraordinaire, il ne peut en avertir les contrées vers lesquelles il marche, et lui-même ne reçoit aucune nouvelle qui le prépare à étudier les grands bouleversemens qui se dirigent vers lui. Au bout de plusieurs années, il est vrai, les moyennes des observations sont quelquefois publiées, mais elles ne contiennent plus la trace des phénomènes accidentels ; à moins qu’ils n’aient apporté une perturbation extraordinaire dans l’état des contrées, ils sont oubliés ; on ne peut plus espérer d’en retrouver la marché et te développement. Les ondes atmosphériques par exemple sont, sans contestation, un des mouvemens les plus communs de l’atmosphère, et c’est à la persévérante attention de quelques savans que l’on en doit la toute récente découverte. Celles qui ont affligé les continens pendant tant de siècles