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Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 4.djvu/847

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ring, de Londres, par l’intermédiaire de M. Labouchère, qui dirigeait la maison Hope d’Amsterdam. M. Baring devait ensuite s’entendre avec le gouvernement de son pays, et la maison Hope ferait au gouvernement français les versemens convenus. Chaque piastre devait être payée au trésor sur le pied de 3 fr. 55 cent., quoique la valeur intrinsèque soit de 5 fr. 4l cent. ; mais à cette époque les piastres à prendre dans les ports du Mexique s’offraient à plus vil prix à Cadix et à Madrid. L’armement d’un navire de guerre anglais pour aller les chercher à la Vera-Cruz et les ramener représentait la différence. Avant de souscrire à ces conditions, M. Mollien y regarda de près ; l’empereur lui-même s’en mêla. Quel était le détail qui échappait à son activité ? De son camp de Finkenstein, il écrivait à M. Mollien : « Trois francs cinquante par piastre me paraissent un prix bien modique. » Des spéculateurs aventureux, qui avaient des appuis auprès de lui, lui avaient proposé des conditions meilleures ; mais, sur les représentations de son ministre, il reconnut que ces offres étaient sans suffisante garantie, et il autorisa M. Mollien à terminer avec MM. Labouchère et Baring, ce qui fut fait. Ainsi, au milieu de la guerre furieuse à laquelle l’Espagne prenait part contre l’Angleterre comme alliée de la France, on vit, ce qu’on n’avait jamais vu en pleine paix, une frégate anglaise mouiller dans le port de la VeraCruz, et y recevoir une cargaison de piastres pour le compte de la trésorerie française. Il revint ainsi au trésor une somme nette d’environ 25 millions ; le surplus servit à payer les dettes que notre marine avait laissées aux États-Unis et dans les ports des colonies espagnoles, où quelques-uns de nos navires, bloqués par des forces anglaises, avaient fait de longs séjours.

Sur les 60 millions que devait payer l’Espagne, restait un solde de 24 millions : elle promit de l’acquitter dans le courant de 1806, à raison de 3 millions par mois ; mais elle y mit si peu de bonne volonté et elle avait si peu de ressources, que, même après un emprunt négocié en Hollande, c’est à peine si en août 1807 elle avait payé 14 millions sur 24. Les ci-devant négocians réunis restèrent responsables du solde. Sur le débet de 142 millions, plus de 100 étaient rentrés avant la fin de 1807. Le recouvrement du reste était assuré, à quelques millions près, pour des termes prochains. Il était impossible de mieux sortir de cette aventure. Jusqu’à la conclusion, l’empereur s’en montra très soucieux. Pendant la campagne de Prusse en 1806 et de Pologne en 1807, il y revient sans cesse dans ses lettres à M. Mollien.

D’après les circonstances dans lesquelles M. Mollien était arrivé au ministère, il devait être empressé de disposer le mécanisme de la comptabilité de manière à rendre impossible le retour de pareils désordres. Il n’était pas moins urgent de donner au service de la tré-