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Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 5.djvu/152

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valu un traitement exceptionnel lors de la rédaction du règlement organique. Leurs revenus ne vont pas à la caisse centrale. Telle est la condition faite à Kalderouchan, fondé par les Ghika, et à une foule de petits moutiers (skit en langue roumane) qui relèvent directement de l’autorité du chef du diocèse où ils se trouvent placés.

La Moldavie a un métropolitain et deux évêques suffragans. Le métropolitain ou archevêque d’Yassy possède des propriétés foncières d’un revenu annuel d’environ 290,000 fr. Il en reçoit les cinq septièmes pour son entretien et n’en rend aucun compte au département des biens ecclésiastiques. Le revenu annuel des deux évêques de Roman et de Houche s’élève pour chacun environ à 130,000 fr., dont les quatre septièmes sont affectés à l’entretien personnel du titulaire. Les revenus des couvens et du clergé indigènes moldaves forment une somme de 1,836,000 fr., qui sont recueillis par la caisse centrale. Sauf quelques exceptions, en Moldavie comme en Valachie, le principe de l’administration et de la répartition par l’état des biens du clergé indigène est admis et même pratiqué. Les choix des métropolitains et évêques dans les deux principautés sont faits par les assemblées générales des boyards, sanctionnés par les hospodars et reconnus canoniquement par le patriarche de Constantinople. On comprend aisément les brigues et les corruptions qui naissent d’un pareil système, lorsque les assemblées, au lieu d’être générales, sont tout simplement des divans ad hoc composés d’un petit nombre de fonctionnaires, comme ceux qui existent maintenant et qui ont fait les dernières élections des grands dignitaires de l’église moldo-valaque.

Outre les monastères et les ermitages indigènes, il y a dans les deux principautés des couvens grecs, qui relèvent de couvens situés dans l’empire ottoman. Plus du cinquième du sol de la Valachie et de la Moldavie appartient aux couvens grecs, et plus de cent mille familles roumaines cultivent ces vastes et beaux domaines donnés ou légués par la pieuse munificence des princes ou des grandes familles moldo-valaques. Ces couvens, au nombre de soixante-dix environ, relèvent du Saint-Sépulcre, du Mont-Athos, du Mont-Sinaï, du patriarcat de Constantinople, de celui d’Alexandrie, de celui d’Antioche, de la communauté de Drian en Épire, des monastères de Meteora en Thessalie, et de divers monastères de la Roumélie ; on les appelle inquinat, c’est-à-dire dédiés, soumis. Ils ont un revenu avoué de plus de 2 millions de francs en Moldavie et de plus de 3 millions en Valachie ; mais ces revenus sont susceptibles de très grandes augmentations.

Les diplômes (chrysobules) qui confirment les donations faites aux couvens grecs existent et ont été soigneusement analysés. Il en résulte que les donations ne furent pas faites aux individus, aux