soit pas produite sans l’assentiment de la Russie, dont le concours peut donner une force plus réelle à un pareil concordat.
Ni les couvens indigènes, ni les couvons grecs aliénés ne concourent sérieusement, on le voit, aux charges de l’état, dans les deux principautés. Il y a là un régime nouveau à créer. Il y a surtout à veiller à ce que les revenus soient employés suivant les intentions du législateur. Ce que j’avais vu dès mon arrivée dans les principautés en 1849, — soit à Bucharest et à Yassy, soit dans les couvens, — m’amenait à cette conviction, que les réformes politiques ne pouvaient avoir de résultats sérieux en Moldo-Valachie qu’autant que des réformes sociales auraient préparé la société moldo-valaque à une organisation meilleure. L’année 1849 marquait précisément le début d’une ère où le régime de la propriété allait enfin appeler l’attention des gouvernemens moldave et valaque. Dans quelle situation ces gouvernemens se trouvaient-ils quand ils procédèrent à l’œuvre des réformes ? Que firent-ils ? que reste-t-il à faire ? On voit combien l’état des principautés il y a sept ans se lie étroitement aux questions qui s’y agitent encore aujourd’hui.
Deux faits considérables ouvrent la période pendant laquelle les hospodars durent, de concert avec une commission spéciale, tenter diverses réformes économiques devenues urgentes. La révolution de février d’une part, la convention de Balta-Liman de l’autre, expliquent le caractère des réformes essayées et la limite dans laquelle on les renferma. La révolution de février avait éveillé dans toute l’Europe orientale des vœux de réforme qui portaient principalement sur le régime de la propriété ; la convention de Balta-Liman, signée à Constantinople en mai 1849 entre le grand-vizir et le ministre de Russie, rétablissait l’influence russe dans les principautés, et, bien qu’elle appelât une commission à réviser le règlement organique sous l’influence des vœux formés après février, on pouvait aisément prévoir que cette révision serait subordonnée aux intérêts de la Russie.
Qu’on rejette un moment les yeux sur les rapports de la Russie avec les principautés depuis le traité d’Andrinople. On reconnaîtra que les idées de réforme ont été de longue date soutenues par elle comme un moyen d’agir sur la Turquie. Le traité d’Andrinople, qui donnait aux populations roumaines des princes nommés à vie, leur assurait en même temps de nombreux bienfaits matériels ; mais ces bienfaits étaient accompagnés de dons qui devaient devenir funestes aux protégés de la Russie. Quoi qu’il en soit, ce traité, obtenu par une puissance dont les armes n’avaient pas remporté de triomphes bien éclatans, éveilla l’inquiétude de l’Angleterre, alors la