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s’en est rencontré quelques-uns certainement, surtout en Moldavie, qui tenaient encore avec une vieille passion aristocratique au maintien de leurs privilèges ; mais à présent ils sont très disposés à concourir aux charges de l’état. Toutefois en Moldo-Valachie l’impôt est loin d’avoir été comme en France le meilleur placement du contribuable, et à partir de 1843 les deniers publics ont été gérés avec une si regrettable irrégularité, qu’il n’est pas surprenant que les propriétaires aient montré de l’éloignement à fournir des sommes qu’ils prévoyaient bien ne pas devoir être employées pour le service public.

Dans le budget actuel de la Valachie, le revenu de la capitation est évalué à 3 millions de francs environ. Si le mode proposé était adopté, il serait porté à 7 millions de francs. L’impôt sur la propriété habitée donnerait une somme égale ; le droit de patente donnerait 2 millions ; l’impôt sur la propriété immobilière non territoriale, 1 million ; les fermes générales, telles que douanes, salines, droits d’exportation, domaines de l’état, 5 millions de francs. Les revenus de l’état seraient ainsi portés de 7 millions de francs, leur chiffre actuel, à 21 millions de francs, sans aucune aggravation pour les cultivateurs, qui seraient au contraire affranchis des déprédations du fisc. L’état, grâce aux ressources créées, pourrait entreprendre les travaux publics qui sont d’une absolue nécessité dans ce pays pour l’assainir et encourager l’agriculture. Nous n’entendons pas donner ici des chiffres d’une exactitude mathématique, mais nous ne pensons pas être loin de la vérité. Les mêmes modifications et les mêmes augmentations proportionnelles pourraient être introduites en Moldavie. En attendant, l’administration des finances ferait entreprendre dans les principautés le cadastre régulier qui seul pourrait conduire à la rigoureuse application du système de l’impôt proportionnel.

Il y aurait aussi à assurer dans une juste mesure la participation des couvens aux charges de l’état. Ce que nous avons dit à propos des couvens mêmes sur l’utilité de cette réforme et sur les abus qu’elle ferait disparaître nous dispense d’y revenir ; mais nous ne quitterons pas ce sujet sans exprimer le vœu de voir les revenus des caisses centrales, qui sont entièrement distincts du budget ordinaire, et la part qui serait fournie par les couvens grecs employés spécialement à former un budget du culte et de l’instruction publique et à développer des institutions de charité et de bienfaisance, déjà nombreuses dans les principautés.


III. — LES RÉFORMES POLITIQUES.

Nous avons tâché de donner un aperçu des réformes sociales, économiques et financières, qui nous ont paru urgentes pour les