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torieuse. Or cette opposition, c’était le comte de Thomar qui la dirigeait. Plutôt que de fournir à celui-ci l’occasion d’une victoire parlementaire qui l’eût rapproché du pouvoir, le ministère préférait ne point engager une discussion d’une issue douteuse dès que le roi refusait de faire une promotion de pairs, et il saisissait, pour se retirer, le prétexte de ce dissentiment avec la couronne. C’est cette lutte, ajournée il y a quelques mois, qui va se reproduire dans les élections. Jusqu’au dénoûment de cette crise, toute question politique est suspendue, et la situation du ministère actuel, présidé par le marquis de Loulé, reste nécessairement provisoire et précaire.

La Hollande à son tour n’est point exempte d’un certain trouble intime et vague depuis le dernier changement qui s’est opéré dans les sphères ministérielles. Le nouveau cabinet de La Haye est parvenu, il est vrai, à se compléter par la nomination d’un ministre des affaires du culte catholique et d’un ministre de la marine. Le premier est M. van Romunde, magistrat de la cour d’appel d’Amsterdam ; le second est M. Lotsy, député modéré auquel a été adjoint un capitaine de vaisseau, M. Esscher, pour la partie technique de l’administration de la marine. Sous ce rapport donc, le cabinet a surmonté toutes les difficultés d’un enfantement assez laborieux. D’un autre côté, l’opinion, très vivement émue d’abord au lendemain de la dernière crise, s’est calmée un peu. Au fond cependant il ne laisse point d’y avoir dans les esprits une certaine inquiétude, entretenue par l’attitude du gouvernement, qui reste assez silencieux et évite de se prononcer tandis que les questions les plus graves sont agitées dans les polémiques de la presse. Le mérite de la loi électorale est mis publiquement en discussion par des journaux favorables à la nouvelle administration ; la loi fondamentale elle-même n’est point épargnée. S’il y a quelques velléités de réaction dans l’esprit des ministres, la réalité est néanmoins que ces velléités ne se sont point traduites en faits palpables. Le cabinet de La Haye paraît en ce moment tout absorbé dans l’élaboration de plusieurs lois pour la session qui va s’ouvrir en septembre. C’est dans cette session, désormais très prochaine, que la question politique sera débattue. Le ministère sera bien obligé alors de manifester ses vues et ses tendances. Le cabinet hollandais vient de retrouver pour cette campagne un appui parlementaire assez important par l’élection de M. Groen van Prinsterer, qui a fini par être nommé député à Leyde, non sans avoir couru la chance très sérieuse de rester en dehors de l’enceinte législative. Cette élection, en effet, n’a eu lieu qu’à la suite de véritables péripéties qui indiquent la vivacité de la lutte. M. Groen van Prinsterer se trouvait d’abord en concurrence avec M. van Reenen, ancien ministre de l’intérieur. Le premier scrutin ne donnait aucun résultat ; un second scrutin s’ouvrait, et les deux candidats obtenaient un égal nombre de voix. Rigoureusement, le bénéfice de l’âge aurait assuré la victoire à M. Groen ; mais il se trouvait que le chiffre des bulletins était supérieur à celui des électeurs inscrits, et les opérations étaient annulées comme en-