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SIR ROBERT PEEL.

frir. Nous n’avons point pressé la solution de la question. Même en 1846, nous l’aurions volontiers ajournée pour ajourner aussi les complications qui en devaient naître ; mais tout le gouvernement espagnol, le cabinet, la reine-mère, les cortès, ne voulait pas d’ajournement : c’était une ferme résolution d’avoir pour le mariage de la reine Isabelle, comme on le disait, un grand patron, la France ou l’Angleterre, et de les obliger l’une et l’autre à sortir des tergi-

    « § 1er. — Le principe que nous avons soutenu et que le cabinet anglais a accepté comme base de notre politique, quant au mariage de la reine d’Espagne, devient d’une application fort difficile et fort incertaine. Voici maintenant quelle est la situation des princes descendans de Philippe V, et prétendant ou pouvant prétendre à la main de la reine d’Espagne :

    « Le prince de Lucques est marié.

    « Le comte de Trapani est fort compromis : 1° par l’explosion qui a eu lieu contre lui, 2° par la chute du général Narvaez.

    « Les fils de don François de Paule sont fort compromis : 1° par leurs fausses démarches, 2° par leur intimité avec le parti radical et l’antipathie du parti modéré, 3° par le mauvais vouloir de la reine-mère et de la jeune reine elle-même.

    « Les fils de don Carlos sont, quant à présent du moins, impossibles : l° par l’opposition hautement proclamée de tous les partis, 2° par leur exclusion formellement prononcée dans la constitution, 3° par leurs propres dispositions toujours fort éloignées de la conduite qui pourrait seule leur rendre quelques chances.

    « La situation actuelle des descendans de Philippe V dans la question du mariage de la reine d’Espagne est donc devenue mauvaise.

    « § 2. — J’aurais beaucoup à dire sur les causes de ce fait ; je ne relèverai que deux points :

    « 1° Nous avons constamment témoigné pour tous les descendans de Philippe V, sans exception, des dispositions favorables. Nous avons dit et répété à la reine Christine elle-même que les infans fils de don François de Paule nous convenaient très bien. Nous avons fait ce qui était en notre pouvoir pour rendre possibles les infans fils de don Carlos. Si nous avons spécialement secondé le comte de Trapani, c’est que son succès nous a paru plus probable que celui de tout autre, à cause du bon vouloir de la reine Christine et de la jeune reine.

    « 2° Le cabinet anglais ne nous a prêté, pour la combinaison Trapani, aucun concours actif et efficace. Il a gardé une neutralité froide, et son inertie a laissé un libre cours à toutes les hostilités, à toutes les menées soit des Espagnols, soit même des agens anglais inférieurs que son concours net et actif aurait contenus.

    « § 3. — Quelles qu’en soient les causes, le fait que les difficultés du mariage de l’un des descendans de Philippe V avec la reine Isabelle se sont aggravées est incontestable.

    « Et en même temps un travail très actif se poursuit et redouble en ce moment pour marier le prince Léopold de Cobourg soit à la reine Isabelle, soit à l’infante dona Fernanda.

    « La cour de Lisbonne est le foyer de ce travail. Les correspondances, les journaux portugais et espagnols le révèlent évidemment.

    « On affirme que le prince Léopold de Cobourg, qui devait être parti le 24 février de Lisbonne pour Cadix, Gibraltar, Alger, Malte et l’Italie, fera secrètement ou publiquement un voyage à Madrid. Beaucoup de circonstances rendent cette affirmation vraisemblable.

    « § 4. — Nous avons été et nous voulons être très fidèles à la politique que nous avons adoptée et aux engagemens que nous avons pris quant au mariage, soit de la reine Isabelle, soit de l’infante dona Fernanda.

    « Mais si l’état actuel des choses se prolonge et se développe, nous pouvons arriver brusquement à une situation où nous serons :

    « 1° Placés sous l’empire d’une nécessité absolue d’agir pour empêcher que par le