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jusqu’à nos jours. L’acte du blasphème continuait de tenir certaines hérésies sous le coup de ses menaces pénales. On avait seulement révoqué des lois inquisitoriales rendues contre le schisme et contre la conformité occasionnelle, et un acte d’indemnité, renouvelé périodiquement, faisait remise temporairement aux non-conformistes de la non-exécution de l’acte du test. Un autre dispensait les quakers du serment; un autre enfin relevait les juifs de quelques incapacités flétrissantes. C’était à peu près là dans les trois quarts du dernier siècle tout ce que la tolérance avait gagné, et à la faveur de cette incohérente législation, une assez grande liberté religieuse s’était pratiquement établie.

Par l’influence de Joseph Hallet, ami du docteur Lardner, les unitairiens se constituèrent à Exeter. Ils se propagèrent dans le Lancastre, et bientôt ils eurent à Londres des réunions qui dressèrent des formulaires et firent des recrues dans les diverses communions, notamment parmi les presbytériens, qui jusqu’en 1730 leur avaient fermé leurs rangs. Grâce au relâchement général et peut-être à une secrète connivence, ils pénétrèrent par l’ordination dans l’église. On s’en prend particulièrement à l’influence de Blackburne, archidiacre de Cleveland. Sans se prononcer expressément sur le dogme, il pro- posa de supprimer l’obligation de souscrire aux trente-neuf articles, et par conséquent aux symboles de Nicée et d’Athanase, pour entrer dans les ordres (1766). La proposition fit fortune. Une pétition fut votée et signée, par deux cent cinquante ecclésiastiques ou laïques, à Feather’s-Tavern, dans le Strand. Elle fut présentée à la chambre des communes, le 6 février 1772, par sir Wilham Meredith. À cette époque, les idées de large tolérance commençaient à prévaloir et à protéger jusqu’aux catholiques. William Paley lui-même, qui ne signa point la pétition délibérée à Cambridge, fit entendre qu’il l’approuvait, et publia une défense du docteur Law, qui avait attaqué l’acte du test; mais la proposition nouvelle portait une trop forte atteinte à l’organisation ecclésiastique : lord North et Burke la combattirent et la firent rejeter par 270 voix contre 71. Renouvelée au mois de février 177Zi, la même pétition succomba devant une majorité de 159 voix contre 67. On demanda au moins que les termes de la souscription d’orthodoxie exigée pour être immatriculé aux universités fussent modifiés[1]. La prétention fut dédaigneusement repoussée par l’université d’Oxford; mais à Cambridge on cite un bachelier ès-arts qui fut, sans adhésion littérale au formulaire, et sur une profession générale de fidélité chrétienne, déclaré bona fide

  1. Quelques-unes des restrictions portées par l’acte d’uniformité de 1662 existent encore. Le 24 avril 1855, M. Heywood en a proposé au parlement la révision, et il a échoué. Lord Palmerston lui-même a trouvé la motion intempestive et trop absolue.