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Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 5.djvu/374

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LES
POÈTES DES PAUVRES
EN ANGLETERRE

L’ÉCOLE PHILOSOPHIQUE ET L’ÉCOLE RADICALE.


Diotime, prêtresse de l’Amour, que Socrate aimait à entendre, lui racontait qu’un jour, comme les dieux célébraient la naissance d’Aphrodite, sortie de l’écume des eaux, la Pauvreté, attirée par le bruit du festin et l’espoir d’en tirer quelque profit, vit le dieu Poros, le dieu du gain, s’égarer dans les jardins de Jupiter, et, appesanti par les fumées du nectar, s’endormir à l’écart sous quelque bosquet. La Pauvreté, peu réservée de sa nature, mieux servie d’ailleurs par le nectar dont Poros avait fait excès que par sa propre beauté, captiva sans doute le dieu capricieux. Elle charma celui qui devait le moins s’éprendre d’elle, elle s’attacha par un lien puissant ce riche époux qu’elle avait gagné par surprise : le dieu Poros lui fit l’aumône d’un bel enfant. Cet enfant du plus riche des pères et de la plus pauvre des mères, ambitieux et prodigue comme l’un, misérable et affamé comme l’autre, s’appela l’Amour.

Tel est le conte où s’est amusée la riante imagination de Platon. S’il vivait de nos jours, Platon pourrait raconter aussi les secrètes amours de la Pauvreté et du dieu des vers. Comme le dieu Poros, Apollon n’aimait autrefois que la richesse et le faste ; avec Pindare, il chantait la gloire de ceux qui possédaient les plus beaux coursiers ; avec Horace, il célébrait Auguste ; avec Racine et Molière, il se mêlait