le parti que je pouvais en tirer. Je me suis dit : Pourquoi ai-je eu le malheur de déplaire à mon vénéré maître ? Parce qu’il est entouré de gens qui me détestent. Pourquoi les calomnies de mes ennemis ont-elles trouvé faveur auprès de lui ? Parce que mon vénéré maître n’a entendu qu’eux et leurs calomnies.
C’est merveilleusement juste.
Votre regard d’aigle a pénétré jusque dans les entrailles de la question.
Rien ne m’étonne de votre part.
Mais, ai-je ajouté, rien de ce qui est arrivé ne fût arrivé en effet, si, au lieu d’êtres acharnés à ma perte, mon vénéré maître avait eu auprès de lui des hommes bien intentionnés pour moi. Aujourd’hui encore, quoique relégué dans cette résidence éloignée, je pourrais me flatter de rentrer en faveur, si une personne dévouée à mes intérêts était admise à la confiance de notre souverain. Il ne s’agirait donc plus que de trouver cette personne et de la placer ensuite là où elle pourrait me prêter son appui.
Vous n’avez qu’à laisser vos yeux errer à l’aventure autour de vous ; ils tomberont assurément sur quelqu’un qui vous est dévoué.
Vous devez n’avoir que l’embarras du choix.
Que de gens s’estimeraient heureux de vous servir !
Vous me pardonnerez, la chose n’est pas tout à fait aussi facile qu’elle le paraît au premier abord. Il faut une personne qui n’éveille pas les soupçons de mes ennemis, une personne en apparence insignifiante, et dont les intentions secrètes ne puissent être pressenties.
La chose se complique en effet.
Oui vraiment, elle se complique...
Considérablement !
Mais c’est précisément dans les questions compliquées que la sagesse de son excellence brille d’un plus vif éclat.
J’ai donc jeté les yeux sur cette jeune Circassienne. Elle était digne par sa beauté d’attirer les regards de mon vénéré maître. Je me suis dit : Si je parviens à douer cette beauté des talens et des grâces indispensables pour figurer avec distinction dans le harem impérial, si je réussis en outre à l’attacher à mes intérêts, et enfin si je suis assez heureux pour la faire agréer