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Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 5.djvu/51

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L’HISTOIRE ET LES HISTORIENS DE L’ITALIE.

l’auteur de l’Histoire des républiques italiennes ce qu’il y avait d’arbitraire dans le choix d’un tel sujet, un homme spirituel et paradoxal, Schlegel, disait à Sismondi que lui, Schlegel, se proposait d’écrire l’histoire des républiques dont le nom commence par un Z, Zante, Zurich, etc.

Le premier volume des Archives contient une nouvelle histoire de Florence par Jacques Pitti, importante surtout pour les temps qui ont précédé l’avènement des grands-ducs ; c’est le tableau de l’agonie de la liberté florentine se débattant contre la tyrannie des indignes successeurs de Cosme l’Ancien et de Laurent le Magnifique, pour tomber, hélas ! sous le joug de cet autre Cosme, qu’on pourrait appeler Cosme le Cruel, et de toute cette branche dégénérée des Médicis, qui se chargea de punir les Florentins de s’être laissé séduire au despotisme habile et aimable, en leur apportant le despotisme odieux et médiocre. Juste châtiment de la Providence, qui pardonne rarement à un peuple le crime de se livrer !

Jacques Pitti est un écrivain politique. Né au moment où allait mourir jusqu’au nom de la république (1519), et où la décadence des arts allait suivre la transformation de l’état, il comprend encore la vie publique, qu’il ne lui fut pas donné de voir fleurir. Il arrive souvent que les hommes d’une génération sont animés des sentimens de la génération qui les précède, et transportent dans leurs écrits l’esprit d’une époque à laquelle ils survivent. Tel est Jacques Pitti, sénateur, diplomate, homme de lettres. Sous les premiers grands-ducs, il a conservé l’intelligence de la liberté. Cette intelligence posthume pour ainsi dire se fait jour dans ses écrits par certains traits mâles qui percent çà et là l’enveloppe d’un langage un peu entortillé. Il n’a plus la simplicité des écrivains libres, mais il en retrouve parfois la vigueur. Bien que son livre s’appelle Histoire de Florence et remonte aux plus anciens temps, c’est, pour tout ce qui est antérieur au xve siècle, plutôt un abrégé intelligent, plutôt, pour ce siècle même, une appréciation politique qu’une histoire. Il écrit sous l’impression de l’événement qui a porté le dernier coup à l’indépendance, le siége de 1529, et sous l’empire d’une indignation patriotique contre ceux dont l’ambition et les trahisons ont placé Florence sous le joug ; il veut, dit-il, montrer les commencemens de cette longue conspiration contre la patrie. Jusque-là il se bornera à une vue rapide des événemens.

La première partie mérite donc moins d’attention que la seconde. Cependant on y trouve déjà les qualités de l’auteur, un sens droit, des jugemens honnêtes, une explication politique des vicissitudes si nombreuses et si variées que Florence a traversées, de ces perpétuels changemens que Dante lui reprochait déjà, et que l’attention