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la communication suivante : 1o  à l’avenir l’exportation annuelle du cuivre était irrévocablement fixée à 7,000 quintaux ; les Hollandais conservaient toutefois la faculté de maintenir la valeur de leur commerce en exportant des produits du Japon autres que le cuivre ; 2o  un seul navire serait admis tous les ans à Nagasaki, et les mines de cuivre étant très appauvries, toute demande d’augmentation serait rejetée ; 3o  les voyages obligatoires des Hollandais à la cour n’auraient plus lieu que tous les quatre ans.

Ce décret était la reproduction de celui de 1743. Il réduisait les affaires de la factorerie à un chiffre si mesquin que la compagnie des Indes aurait dû, ne fût-ce que par dignité, exiger des conditions plus acceptables ou faire cesser toutes relations commerciales. Le prétexte de l’épuisement des mines pouvait être fondé. Peut-être aussi l’empereur ne voulait-il pas laisser se répandre dans les classes inférieures de la société le goût du luxe et le besoin des produits étrangers. En diminuant les exportations, on diminuait en même temps les importations, et les marchandises étrangères restaient des objets de fantaisie pour les classes les plus riches. Les Hollandais avaient bien, il est vrai, la faculté de chercher d’autres retours que le cuivre, mais une longue expérience démontrait que cette clause était illusoire ; tous les essais de ce genre avaient été faits et abandonnés aussitôt.

À partir de cette époque (1790), le commerce du Japon se trouva placé dans une position qui n’a guère varié depuis ; il est bien sur venu de temps en temps quelques modifications dans les quantités de cuivre accordées, mais les règlemens sont restés les mêmes.

L’année 1798 fut une des plus désastreuses pour la factorerie Hollandaise ; un incendie en détruisit la meilleure partie, et M. Hemmy, son chef, mourut en revenant de la cour. Il existait, dit-on, des intelligences secrètes entre lui et le prince de Satsuma, et l’on pense qu’il fut empoisonné. Ce qui confirme cette présomption, c’est que les deux domestiques de M. Hemmy furent arrêtés. L’un échappa, l’autre fut décapité. Les ombrages causés par le prince avec qui M. Hemmy était soupçonné de correspondre s’expliquent par la position de sa famille, position qui n’a guère changé depuis plusieurs siècles. Les princes de Satsuma sont les plus puissans de l’empire et se sont toujours maintenus dans une certaine indépendance que la cour n’a jamais osé attaquer. Ils représentent au Japon ce que nous appelons les idées libérales, dans la mesure où ce mot peut s’appliquer au Japon, et ils se sont toujours montrés favorables aux étrangers. De nombreuses alliances de cette famille avec les empereurs du Japon ont encore augmenté son influence. Les Satsuma prétendent avoir des droits à la couronne et descendre en ligne directe