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exportations 1 million tout au plus, non compris le cambang. Si l’on déduit de ces chiffres près de 300,000 francs pour fret des navires, cadeaux officiels, voyages à la cour, appointemens des employés, etc., on conviendra que les bénéfices sont petits pour un pareil privilège. Ce privilège dure depuis deux siècles et demi : or nous trouvons, d’après le relevé officiel des registres de Décima, que le nombre des navires employés à ce commerce par les Hollandais, de 1610 à 1855, c’est-à-dire dans une période de 245 ans, s’est élevé, somme toute, à 747, dont 720 arrivés et 27 perdus.

Ce commerce est toujours divisé en deux catégories très distinctes. La première comprend le commerce du gouvernement ou de la compagnie, comme disent encore les Japonais ; la seconde comprend le commerce particulier ou cambang.

La première se trouve toujours placée dans les conditions du traité de 1744, c’est-à-dire que toutes les marchandises de cette catégorie importées au Japon sont livrées à la chambre impériale du trésor, qui en paie le montant avec 7,000 quintaux de cuivre et la quantité de camphre nécessaire pour achever le solde du compte. Les quantités, les espèces et les qualités des marchandises doivent se trouver plus ou moins conformes aux stipulations d’usage. Cette première partie du commerce n’est susceptible d’aucune augmentation tant que subsisteront les règlemens existans, puisqu’elle est rigoureusement limitée par des retours de cuivre déterminés.

D’après une convention ridicule, mais fort ancienne et toujours respectée, le gouvernement hollandais livre ses marchandises à la chambre du trésor avec une perte de 30 à 40 pour 100 de leur valeur réelle. Par contre, la chambre du trésor fournit toujours ses cuivres au prix non moins ridiculement bas de 12 theils, 3 mas et 5 condorins le pikol, qui, au change actuel, ne représentent véritablement pas 40 francs les 50 kilogrammes. Cet équilibre ne peut être ébranlé sans tout renverser, car si les Hollandais apportaient au Japon plus de marchandises de cette catégorie aux prix stipulés, c’est-à-dire à grande perte, il faudrait nécessairement, pour balancer cette perte, que la chambre du trésor consentît aussi à donner en paiement plus de cuivre aux mêmes conditions, et c’est précisément l’écueil contre lequel sont venus se briser jusqu’à présent les efforts incessans de la factorerie.

Le commerce particulier ou cambang n’est pas dans la même position. Rien ne s’oppose à ce qu’il prenne plus de développement. C’est dans cet espoir sans doute que le gouvernement de Batavia l’a repris pour son propre compte. En voici les principaux règlemens. Toutes les marchandises d’importation du cambang sont vendues à Nagasaki, aux enchères publiques, par le ministère de la chambre