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« Les ports de Nagasaki et de Hakodadi sont ouverts aux Anglais, mais seulement pour les réparations et les approvisionnemens dont les navires auraient absolument besoin.

« Tous les autres ports de l’empire pourront aussi être fréquentés, mais dans les cas de force majeure et de détresse seulement.

« Le commerce reste interdit aux Anglais, et demeure un privilège exclusif accordé aux Hollandais et aux Chinois[1]..

« Les navires anglais, dans les ports du Japon, se conformeront aux lois japonaises ; si leurs commandans commettent des infractions à ces lois, les ports seront fermés. Si des contraventions sont commises par les subalternes, ceux-ci seront remis à leurs commandans pour être punis. »


Il est ajouté en finissant que « lorsque ces conventions auront été ratifiées par les deux gouvernemens, aucun haut fonctionnaire venant au Japon ne pourra les modifier. » L’Angleterre les ayant acceptées, elles doivent être considérées comme définitives.

Tout commerce étant interdit aux Anglais, il reste une chose à examiner, c’est le moyen qu’ils pourront employer pour payer leurs dépenses au Japon[2]. Le traité ne le dit pas, et il est possible que le gouvernement de Batavia, en reprenant à si grands frais pour son compte le commerce du cambang, ait prévu ce cas. Ce commerce donne de grands profits dans ses importations au Japon, mais j’ai expliqué toute la difficulté qu’il éprouve pour le retour de ses va leurs. Cette difficulté serait tranchée par la combinaison que je vais indiquer. La chambre du trésor (ou ses succursales dans les ports concédés) sera évidemment chargée de tous les règlemens avec les étrangers, et elle pourrait affecter à cet emploi le fonds de cambang des Hollandais. Elle encaisserait, selon l’usage, le produit des ventes publiques de la factorerie de Décima, et paierait avec cette recette les fournisseurs des navires étrangers. Les commandans de ces navires donneraient en retour aux Hollandais des traites sur l’Amérique ou l’Europe. Une pareille combinaison serait pour le comptoir de Décima d’une importance incontestable.

Le traité des Américains, dégagé de toutes les surcharges qui l’ont été ajoutées après coup, doit avoir à peu près la même valeur et la même forme que celui des Anglais que je viens de faire connaître. On ne saurait admettre en effet que l’Angleterre, qui a dans l’Inde

  1. Il n’est nullement question des Américains dans cette clause, ni de leurs prétendus privilèges, soi-disant obtenus plus de six mois auparavant.
  2. Partout ailleurs la chose serait fort simple, et en payant avec de l’or ou de l’argent tout serait dit. Il n’en est pas de même au Japon, où ce moyen est souverainement défendu. Aussi les fournitures faites à des navires étrangers autres que des hollandais ont-elles été livrées jusqu’à présent gratuitement. Les Hollandais ont pour payer ce genre de dépense leur fonds de cambang.